RDC : la Céni critiquée pour sa gestion du budget
16 janvier 2024A l'origine des critiques dont fait l'objet la Céni en RDC, le budget d’1,1 milliard de dollars de l’institution en charge de l’organisation des élections, dont l’estimation aurait été bien supérieure à ce qui était nécessaire, et qui aurait fait l’objet d’une mauvaise gestion des marchés publics. Cela aurait entrainé d’importantes pertes d’argent.
Un dossier opaque
Selon les chercheurs, " le budget détaillé des opérations électorales élaboré en toute opacité, reste secret, violant le principe de légalité des dépenses, de sincérité et de crédibilité".
Une opacité que l’on retrouve notamment du côté de la distribution des marchés publics, dont la mauvaise gestion aurait fait perdre 400 millions de dollars au budget global et dont les attributions auraient été faites de façon arbitraire.
"Sur les marchés accordés à l’entreprise Miru system [qui a fourni les machines à voter – NDLR], la plupart ont été attribués de gré à gré", explique Valéry Madianga, coordinateur de la recherche subventionnée par l’Union européenne.
Selon lui : "un seul est passé par une procédure d’appel d’offre. Et si vous regardez ce marché, cela couvre quasiment 53% des dépenses des opérations électorales."
" Ce rapport contient beaucoup de raccordements frauduleux ", se défend une source au sein de la Céni, qui assure qu’un avis de non-objection avait été obtenu de la part de la Direction générale du contrôle des marchés publics au sujet de ce partenariat et qu’une réponse au rapport est en cours de rédaction.
Pour autant, les décaissements, tardifs, de l’argent par le Gouvernement auraient été faits de façon irrégulière. C’est par exemple le cas de ceux de juillet et novembre 2023, qui étaient respectivement de 240 et 130 millions de dollars et qui ont été débloqués sous la forme de mise à disposition des fonds.
" Or, le mode de mise à disposition des fonds est un mode qui permet aux services publics d’assurer des dépenses de routines comme les frais de voyages, les frais de réservation des hôtels ", développe Valéry Madianga, " mais dans le cadre des dépenses des opérations électorales, nous avons remarqué qu’ils sont allés au-delà de cela."
Des alertes et pas d'action
Ce n’est pas la première fois que des irrégularités sont notées dans la gestion du budget de la Céni. Corneille Nangaa, son ancien président, avait d’ailleurs fait l’objet de sanctions par le Trésor américain.
Pour autant, tout cela aurait pu être évité selon Jean-Claude Mputu, de l’ONG le Congo n’est pas à vendre, qui regrette que, malgré les alertes, aucun audit n’a été mené.
"Il n’y a jamais eu de réponse, qu’elle soit politique, judiciaire ou législative. Le Parlement n’a jamais fait son travail. A se demander si le moment des élections ne devient pas un moment pour tout le monde, y compris la Céni, de se remplir les poches au détriment du Trésor public, au détriment du peuple congolais" déplore-t-il.
Toujours selon le rapport réalisé avec le concours de la structure allemande Democracy reporting international, près de 160 millions de dollars du budget se seraient pas ailleurs volatilisé.