RDC : 18 morts dans une incursion attribuée aux ADF à Beni
7 décembre 2018C'est au moment où on s'y attendait le moins que les ADF ont encore fait parler d'eux dans la ville de Beni. Ces rebelles ont tué 18 personnes dont 13 hier à Mangolikene, dans la partie rurale de la commune de Rwenzori, à l'est de la ville de Beni, et cinq à Paida, un quartier situé à l'est de la ville, sur la route Beni-Kasindi.
Mercredi, la visite à Beni du candidat de l'opposition Martin Fayulu avait déjà lancé le débat sur l'étonnante passivité des ADF.
Mais pendant que le candidat Fayulu tenait son meeting dans la ville de Butembo, dans le sud de Beni, les habitants de Beni comptaient leurs morts dans Mangolikene.
La majorité au pouvoir semble se frotter les mains car ce nouveau massacre vient contredire les promesses de Martin Fayulu de rétablir la sécurité autour de Beni.
Mais pour le député de l'opposition Grégoire Kiro Tsongo, c'est la majorité présidentielle qui n'est pas à la hauteur de sa tâche.
"Il y a un gouvernement qui a dans ses missions régaliennes le maintien de la paix. S’il n’est pas capable de maintenir la paix à travers ses forces armées, il ne peut pas imputer la persistance de l’insécurité à l’opposition", déclare M. Tsongo.
Le pouvoir accuse les ADF
Le commandant des opérations militaires contre les ADF dans la partie nord de la province du Nord-Kivu, le général Marcel Mbangu, affirme que les ADF sont les auteurs des massacres. Il cite aussi le nom de leur chef actuel, après l'arrestation de Jamil Mukulu.
"Ce que je vous demande c'est de parler un même langage. Ceux qui nous tuent sont les ADF, et ceux-ci sont venus d'Ouganda. Ces ADF sont bien là et ils sont commandés par le Cheikh Baluku qui dirige les actions dans cette forêt. J'ai passé toute la nuit dehors et suis rentré chez moi à la maison à 3h du matin. De notre côté, nous travaillons durement pour en finir avec cette situation car c'est pour cela que nous nous sommes engagés dans ce métier d'armes", explique le général Marcel Mbangu.
La colère des populations
Pendant que l'identité réelle des assaillants fait débat, les familles des victimes des massacres de jeudi et vendredi sont descendues dans la rue pour manifester leur mécontentement.
"La situation est insupportable, trop des morts, les têtes décapitées, beaucoup de morts à la morgue", s'indigne un habitant.
"Les tueries viennent de commencer, nous lançons un appel à la grève scolaire, nous ne voulons pas voir les gens en uniforme de l'école, et nous ne voulons voir aucun enseignant", souhaite un autre.
"Si un enseignant est surpris en train de dispenser des cours nous lui jetterons des pierres. Je suis écolier et je ne vais pas étudier pour protester contre les tueries", lance cet élève.
Une autre question non élucidée reste de savoir comment se dérouleront les opérations de vote avec des populations déplacées qui ne peuvent rentrer chez elles pour participer au scrutin.
La détérioration de la situation sécuritaire pourrait donc avoir un impact sur le résultat dans les urnes.