Renforcement de l'aide aux réfugiés syriens
29 octobre 2014Depuis quelques mois, les atrocités et massacres commis par l'organisation terroriste de « L'Etat Islamique » auto-proclamé a produit une nouvelle vague de réfugiés. Ces derniers ont trouvé refuge dans les pays voisins, en Jordanie, au Liban, en Egypte ou en Turquie.
Face à l'ampleur du phénomène, les représentants de plus d'une trentaine d'Etats et d'organisations internationales, réunis hier en conférence à Berlin, la capitale allemande, ont décidé non seulement de soutenir les réfugiés sur le plan humanitaire, mais aussi de venir en aide aux Etats qui les accueillent.
Jusqu'ici, la communauté internationale – en premier lieu les pays de l'Union européenne – comptait sur la disponibilité des pays voisins de la Syrie à accueillir les réfugiés. C'est après plusieurs visites dans la région en crise que le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, et son collègue du Développement, Gerd Müller, ont organisé à Berlin cette conférence sur la situation des réfugiés syriens. A la fin de la rencontre, les ministres ont promis que l‘Allemagne donnerait 640 millions d'euros supplémentaires jusqu'en 2017.
L' aide des pays occidentaux jugée insuffisante
Cependant des voix critiques se font entendre en Allemagne qui estiment que Berlin a attendu trop longtemps avant de réagir et surtout qu'un pays comme l‘Allemagne pourrait et devrait faire plus. Des critiques que l'on trouve notamment dans la presse allemande. Ainsi die tageszeitung souligne que cela fait trois ans que des millions de Syriens fuient leurs foyers. Et c'est maintenant que le gouvernement allemand réagit? Bravo ! ironise le journal. Naturellement, le ministère des Affaires étrangères qui a organisé à Berlin ce grand sommet avait déjà offert une aide à ces déplacés. Mais face à l'ampleur de cette catastrophe, cette aide était inappropriée, presque cynique souligne le journal qui précise que l'Allemagne et les pays de l'UE accueillent 1% des réfugiés syriens. 1% s'indigne la taz! Le reste, plusieurs millions, ce sont les pays voisins de la Syrie qui les ont pris en charge. Depuis deux ans, l'effondrement du Liban est prévisible, et le même destin menace aussi la Jordanie, prévient die tagesszeitung.
Appels pressants
À Berlin, les représentants des pays voisins de la Syrie ont de nouveau appelé la communauté internationale à en faire davantage… Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Nasser Judeh, par exemple, a demandé aux pays occidentaux de soutenir financièrement la Jordanie s'ils exigent que celle-ci accueille pour eux les réfugiés. Et tout comme les représentants de la Turquie, du Liban ou de l'Egypte, le diplomate n'a pas caché qu'il y a eu beaucoup de promesses jusqu'ici, mais peu de réalisations. Les pays voisins de la Syrie croulent sous cette énorme charge.
Il faut dire que si l'Allemagne, par rapport à sa population de 85 millions d'habitants, accueillait la même proportion de réfugiés que le Liban (4 millions d'habitants), il devrait y avoir en Allemagne non pas 70.000 réfugiés syriens comme c'est le cas, mais deux millions ! C'est le calcul établi par diverses organisations de défense des droits de l'Homme.
Le vice ministre turc des Affaires étrangères Naci Koru a d'ailleurs rappelé, qu'en accueillant rien que les seuls 200.000 réfugiés de la ville kurde syrienne de Kobané assiégée depuis six semaines par les jihadistes de l'organisation de l'Etat Islamique, la Turquie a déjà accueilli plus que toute l'Union européenne !
Parmi tous les pays européens l'Allemagne est toutefois le pays qui a accueilli le plus de réfugiés syriens jusqu'ici. La Grande-Bretagne, par exemple, a officiellement accueilli au total 54 réfugiés syriens.
Selon les termes de la déclaration finale publiée à l'issue de la conférence à Berlin, "les donateurs vont tenter de mobiliser durant plusieurs années un soutien accru basé sur des besoins identifiés". Sans toutefois annoncer un montant concret.