Robert Mugabe, de héros à despote
En 37 ans de règne, Robert Mugabe est passé du statut de père de l'indépendance à celui de tyran qui a provoqué l'effondrement économique de son pays. Il est mort le 6 septembre loin du Zimbabwe.
Naissance d'une force politique
La carrière politique de Robert Mugabe commence dans les années 1960 avec la formation d'un mouvement anti-colonial radical qui combat la minorité blanche au pouvoir en Rhodésie. Il rejoint le National Democratic Party de Joshua Nkomo. Emprisonné pendant dix ans, il étudie le droit. Après sa libération, le "penseur de la guérilla" se hisse au sommet de l'armée de libération du Zimbabwe.
Mugabe prend le pouvoir
Après une guerre de 15 ans, Robert Mugabe contraint le gouvernement de Ian Smith à négocier, remportant en 1980 le suffrage universel, de nouvelles élections et l'indépendance. Devenu Premier ministre, il met en place des politiques favorables à la majorité noire. Mais en l'espace de deux ans, 20.000 personnes sont tuées dans la répression de l'insurrection menée par son ancien allié Nkomo.
Expropriation des fermiers blancs
En 1987, Robert Mugabe devient président aux pouvoirs élargis. Dans les années 1990, il se met à dos la communauté internationale après avoir saisi les terres des fermiers blancs, alors que l'économie du pays est dévastée. Sa politique de réforme agraire, qui vise à calmer les vétérans en colère, détruit le secteur agricole et provoque la fuite des investisseurs étrangers.
Violations des droits humains
Dans les années 2000, Robert Mugabe mène une répression de plus en plus flagrante envers ses opposants. En 2005, il lance une campagne de destruction des bidonvilles et des "habitations illégales". Au moins 700.000 personnes sont directement affectées : des pauvres des zones urbaines et rurales qui s'opposent à lui se retrouvent sans abri. La campagne est condamnée par les Nations unies.
Des fêtes somptueuses
Tandis que son peuple meurt de faim et que le pays est ruiné, Robert Mugabe mène une vie extravagante. Pour son 91ème anniversaire en 2015, il organise une fête somptueuse dont le coût est estimé à un million de dollars, avec des massacres d'éléphants qualifiés d'"obscènes" par l'opposition.
Coup de force militaire
Le 14 novembre 2017, des soldats prennent le contrôle de la télévision nationale et annoncent l'assignation à résidence de Robert Mugabe. Dans les jours qui suivent, les Zimbabwéens descendent dans les rues pour réclamer son départ et encourager la résistance militaire. Le premier vice-président Emmerson Mnangagwa est désigné pour remplacer Robert Mugabe une semaine plus tard.
Une santé déclinante
Robert Mugabe avait affirmé qu'il règnerait sur le Zimbabwe jusqu'à cent ans, mais après son humiliante éviction du pouvoir, sa santé déclinera rapidement. Il meurt le 6 septembre 2019. Ayant entraîné la ruine d'un système de santé qui faisait jadis la fierté du pays, il a été contraint de finir ses jours dans un hôpital à Singapour.