Interdiction du diamant russe, une décision qui pèse lourd
20 juin 2024En début d'année 2024, le G7, c'est-à-dire le groupe des sept économies les plus riches de la planète, a décidé d'interdire l'achat du diamant russe. Cette sanction a rejoint celles déjà imposées à la Russie par les pays occidentaux et leurs alliés, en raison de l'invasion de l'Ukraine.
L'impact de la décision du G7
En décidant d'imposer des sanctions contre les diamants russes, l'objectif des occidentaux était d'affaiblir l'économie russe, la Russie étant le premier producteur mondial de diamants.
Ils ont donc décidé d'interdire l'importation de diamants d'un carat et plus extraits en Russie, même si les pierres ont été taillées ailleurs.
Cette décision risque de déstabiliser le marché mondial du diamant, notamment en Afrique.
A titre d'exemple, la société minière russe Alrosa, détenue par l'Etat, possède une participation de 41 % dans la principale mine de diamants d'Angola, Catoca. Bien que la mine angolaise ne fasse pas l'objet de sanctions, M'Zee Fula Ngenge, directeur du Conseil africain du diamant, fait remarquer qu'elle est désormais sous pression en raison de son lien avec Alrosa.
Selon M'Zee Fula Ngenge, ces sanctions donnent une chance à l'Afrique de gagner des parts de marché.
"Lorsqu'on examine la décision du G7 qui affecte l'industrie mondiale du diamant, on doit prendre en considération le fait que l'Afrique est le producteur dominant collectivement", explique-t-il.
La question de la certification
Alors que parmi les pays du G7, seul le Canada est producteur de diamants, les acteurs de ce secteur en Afrique estiment que le G7 aurait dû les consulter avant de décider l'interdiction des diamants russes.
Selon M'Zee Fula Ngenge"ils [les dirigeants du G7] nous ont totalement exclus de la discussion alors que nous estimons être les leaders mondiaux [en matière de production de diamants]. Ils auraient dû s'adresser à nous en premier".
Les sanctions du G7 obligent désormais les pays africains à envoyer leurs diamants à Anvers, en Belgique, pour certification. La ville est considérée comme la plaque tournante de l'industrie mondiale du diamant.
Selon certains pays comme le Botswana, l'un des plus gros poducteurs de diamant en Afrique, ce changement a perturbé la chaîne d'approvisionnement.
Ce 21 juin, le président du Botswana, Mokgweetsi Masisi, rencontrera des représentants du gouvernement et des entreprises à Berlin à ce sujet.
Les diamants extraits en Afrique sont déjà soumis au processus de Kimberley, qui garantit qu'aucun "diamant de sang", c'est-à-dire extrait dans des zones de conflit, ne se retrouve sur le marché.
Pour Fula Ngenge "pousser tout vers Anvers est un pas en arrière", d'autant que selon lui, les producteurs de diamants africains respectent strictement la certification du processus de Kimberley.