Que fait la communauté internationale contre les génocides ?
8 avril 2019"Une chaise était prévue pour lui. Elle est restée vide". La Frankfurter Rundschau revient sur l'absence d'Emmanuel Macron à la cérémonie de commémoration hier dimanche. Mais pas seulement, et rappelle aussi que "Angela Merkel, Theresa May ou encore Donald Trump n'ont pas non plus été du voyage à Kigali. Pourtant ils n'avaient pas moins de bonnes raisons que le président français de venir exprimer leur honte sur ce qui s'est passé il y a une quart de siècle", lorsque le reste du monde avait décidé "de tourner le dos et de ne rien faire".
Et le quotidien met en garde contre le "plus jamais ça", qui "n'a encore jamais suffi" à éviter la répétition de l'horreur. "Car le Rwanda n'a pas empêché par la suite d'autres tentatives de génocide. Il y a eu la Bosnie, le Congo, le Darfour, la Syrie, la Birmanie."
"Un poulailler attaqué par un renard"
La tageszeitung aussi, se demande "si le monde a vraiment retenu la leçon après avoir assisté à ce crime sans bouger" ? La triste vérité, selon la tageszeitung, est que souvent seule la menace de l'option militaire peut faire taire des armes. "Celui qui, pour des raisons pacifiques ou historiques, qui se comprennent, ne veut pas de cette option, doit supporter que des crimes contre l'humanité comme au Rwanda ou en Syrie se produisent, pendant que l'on regarde sans agir".
Certes, "il ne s'est pas rien passé après le Rwanda", nous dit le journal. "La cour pénale internationale a été créée, l'ONU a développé le concept de la responsabilité à protéger pour affirmer que les tueries de masse n'étaient pas un affaire interne aux Etats." Mais, ce que cela veut dire concrètement reste "chaotique et opaque comme avant". Lorsqu'une crise éclate, "les instances internationales ressemblent à un poulailler attaqué par un renard".
En Libye, ce sont les djihadistes qui gagnent
La communauté internationale, souvent impuissante face aux conflits. Ce qui nous emmène en Libye, un pays divisé en deux, sans réel gouvernement, où le maréchal Haftar qui contrôle l'Est du territoire, a tenté de marcher sur Tripoli ce week-end.
La Libye, "un Etat qui a échoué", explique la Süddeutsche Zeitung, alors que "la Libye n'est pas un cas désespéré, car le pays pourrait vivre de la vente de son pétrole, le pays pourrait autofinancer sa reconstruction".
Sauf que les richesses se trouvent toujours encore à Tripoli, et cette centralisation de la fortune libyenne est un vrai problème pour réconcilier le pays, commente la Frankfurter Allgemeine Zeitung. "Si Tripoli ne constituait pas le graal, le pays aurait plus de chances de retrouver la paix. Les solutions politiques devraient en tenir compte davantage". Car à la fin, analyse le quotidien, "tant que la capitale est déchirée par les luttes de pouvoir", il n'y a qu'un seul vainqueur qui profite de ce désordre : ce sont les djihadistes de l'organisation de l'Etat islamique.