Réactions après le verdict d'Hissène Habré
28 avril 2017Les avocats de la défense se réjouissent de l'acquittement de leur client contre les crimes de viol, mais ils critiquent la façon dont le procès s'est déroulée. C'est ce que dit Maitre Mbaye Sene, l'un des trois avocats de Hissene Habré. Il déplore essentiellement la désinvolture avec laquelle la Chambre d'appel a rejeté leurs éléments de défense. Il évoque notamment l'exception de nullité de toutes les procédures, soulevée lors de l'ouverture de dossier. Lors de la condamnation en première instance, en mai dernier, les juges ont rejeté cette exception sans explication. Et cette fois, le jugement est définitif. Maitre Mbaye Sene, avocat d'Hissène Habré:
"En faisant nos déclarations d'appel, nous avons visé le fait que la Chambre n'ait pas du tout répondu à cette exception de nullité à laquelle elle devait impérativement répondre, elle ne l'a pas fait. Sur les soit-disant massacres qui ont eu lieu à Ambing, nous avons fait appel mais la Cour d'appel, très gênée, a soutenu qu'il n'y avait pas d'appel à ce sujet et que ces développements étaient irrecevables."
Comment ce verdict a-t-elle été accueilli par les militants des droits humains ?
Bien évidemment la première et grande satisfaction a été exprimée par l'avocate des victimes Jacqueline Moudaina. Après plus de deux décennies, la justice a enfin été rendue, a-t-elle déclaré. Mais elle n'est pas la seule. Selon Thiat, l'activiste sénégalais du mouvement ‘'Y en a marre'', c'est une victoire pour la justice africaine :
"Je ne parle pas de la sentence, je ne suis pas juge pour donner la sentence. Mais je pense que le fait juste qu'il y ait un tribunal en Afrique pour juger un problème africain, chapeau au Sénégal, à la justice sénégalaise et à la justice de la Cédéao, africaine en quelque sorte. Il faudrait le perpétuer."
Ce procès d'Hissène Habré est le premier au monde dans lequel un ancien chef d'Etat est traduit devant une juridiction d'un autre pays pour violations présumées des droits humains. Selon une commission d'enquête tchadienne, la répression sous le régime de Hissène Habré entre 1982 et 1990 a fait environ 40.000 morts