Sarkozy, le "Gaulois" qui fait peur
22 septembre 2016Deux décennies et demi après la réunification, les conséquences de la dictature communiste et de la mauvaise gestion ne sont pas complètement résolus, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Et le dernier rapport annuel sur l'unité allemande fait craindre que cet héritage aura encore une longue influence sur le développement de ceux qui sont appelés les nouveaux Länder, c'est-à-dire les régions qui étaient situées en Allemagne de l'est. Les autorités ont dénoncé la banalisation du racisme comme une "menace pour la paix sociale" dans l'ex-RDA, qui n'était pas une contrée ouverte sur le monde. Mais cela explique-t-il la xénophobie? La chancelière Angela Merkel compare les défis de la crise des réfugiés avec ceux de la réunification, écrit la FAZ. Mais l'intégration des immigrés est un test encore plus difficile pour l'Allemagne que celui de l'unité du pays. Et celui-ci s'avère déjà difficile, en dépit d'une histoire et une culture communes.
26 ans après la réunification, la force économique de l'est de l'Allemagne est encore inférieure d'un bon quart à celle de l'ouest, ajoute la Süddeutsche Zeitung. Aucune multinationale allemande n'a transféré son siège dans cette région, et donc ni l'argent ni les emplois qui vont avec. L'inégalité s'est commuée en haine. Mais les "Ossis" - les Allemands de l'est - ont également leur part de responsabilité : tous les partis ont passé sous silence l'héritage nazi de la RDA et celui-ci se venge.
Un Astérix qui ne fait pas rire
"Astérix président!", se moque die tageszeitung. Nicolas Sarkozy exige l'assimilation comme prix d'entrée à la "Grande Nation". Il a fallu des décennies pour que l'expression stéréotypée "nos ancêtres les Gaulois" soit rayée des manuels d'histoire française. La Nation est le résultat d'années d'immigration. Et voilà que l'ex-président veut que tout le monde descende d'un homme blanc? Il est facile de voir l'intention qui se cache derrière ce déni de l'histoire: Sarkozy chasse sur les terres du Front National. Et cela est beaucoup moins drôle que le personnage de BD Astérix, conclut le journal berlinois.
Ces mots n'ont pas simplement "échappé" à Sarkozy le Gaulois , rappelle la Sächsische Zeitung. C'est lui qui a créé un ministère de l'Immigration, de l'Intégration et de l'Identité nationale. C'est lui qui dénonce "la tyrannie de la minorité". L'ex-chef de l'Etat semble plus radical que Marine Le Pen, qui appelle à la prudence et veut une "France apaisée". Mais il ne faut pas être dupe: si le ton est nouveau, le contenu, lui, ne l'est pas.