Retour sur le scandale Hervé Bopda qui secoue le Cameroun
7 février 2024Tout commence le 19 janvier 2024, lorsque Nzui Manto, le lanceur d'alerte camerounais, publie sur les réseaux sociaux, des dizaines de témoignages choquant sur les faits présumés de viols, proxénétisme et séquestration impliquant Hervé Bopda, homme d'affaires influent, âgé de 45 ans.
L'affaire va causer une vague d'indignation au sein de l'opinion, qui conduira à son arrestation par la police le 31 janvier.
L'arrestation, un premier pas
Pour l'ordre des avocats, la commission des droits de l'homme et la société civile, le combat n'est pas encore gagné. "L'interpellation, c'est juste un premier pas", explique Hamlet Nkwain, le directeur exécutif de Working for Our Wellbeing. "Maintenant il faudra pousser l'affaire pour qu'il y ait plus de preuves pour envoyer l'affaire au parquet et approfondir l'enquête. Ce n'est pas le fait que quatre victimes ont déposé plainte qu'il faut perdre espoir. Il y a encore de l'espoir."
Vaste réseau
Les faits qui se seraient déroulés en majorité dans les villes de Douala et Yaoundé. Les dénonciations ont permis de mettre à nu un vaste réseau de proxénétisme avec des complices parmi les influenceuses et influenceurs camerounais et des ramifications dans l'appareil étatique. Les victimes, pour la plupart, étaient mineures au moment des faits.
Des informations que Roland Ashu Ojong, avocat de l'accusé, rejette à bloc. Joint au téléphone, ce dernier a affirmé que "ce sont des sabotages fabriqués dans le but de diffamer le nom et la réputation de son client."
Selon lui, son client pourrait retrouver la liberté assez vite car aucune plainte pour abus sexuel n'a été déposée jusqu'ici. Il dit avoir "convoqué les accusateurs pour qu'ils fournissent des preuves dans les 48 heures et depuis l'arrestation de Bopda, aucune preuve. Ils ont parlé de 1000 cas et pas même une seule plainte de victimes concrète n'a été présentée. Nous avons déposé une plainte pour diffamation à cet effet."
Audition des victimes
Pour l'heure, les auditions se poursuivent à la police judiciaire de Bonanjo. Malgré que nous n'ayons pas pas eu accès aux victimes, Guy Olivier Moteng l'un des avocats de ces dernières, nous a rassuré que les choses bougent quand même.
"Les victimes viennent de plus en plus se faire auditionner. Au moment où nous déposions plainte, nous n'avons reçu que quatre victimes. Mais je peux vous confirmer qu'à ce jour, le nombre a suffisamment augmenté."
Les chiffres exacts ne sont pas avancés mais les organisations internationales de défense des droits humains, notamment Human Rights Watch (HRW) ont lancé un appel aux autorités camerounaises pour garantir une enquête impartiale dans l'affaire Hervé Bopda.