Schröder et l'affaire Gazprom
3 avril 2006Pour die Welt, le « style Schröder » est plus que critiquable et viole les règles de la bienséance. Pratiquer, en tant que chef du gouvernement, une « realpolitik » stratégique avec le chef de l’état russe est une chose. Se précipiter, en tant qu’ex-chancelier, dans les bras d’un cartel énergétique douteux aux ordres du Kremlin en est une autre.
Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la vraie question reste le rapport qui existe entre l’engagement de Gerhard Schröder dans ce dossier et son amitié personnelle pour Vladimir Poutine. La perte d’influence et de pouvoir, on le sait, blesse bien plus les politiciens et les managers sur le départ que tout l’argent du monde. Ceci ne justifie pas pour autant de tirer un profit personnel d’un mandat politique. Pour Gerhard Schröder, cette présidence du conseil de surveillance de Gazprom n’a rien à voir avec une fonction comparable dans une banque.
C’est vrai que cela fait bizarre, souligne la Tageszeitung. Pourtant, quel que soit le résultat de la commission d’enquête, le fait que Gerhard Schröder ait accepté ce poste de supercontrôleur du pipe-line russe nuira durablement à sa réputation. Rien n’effacera le soupçon qu’il a ici mélangé devoir politique et carrière privée. Un soupçon qui ne touche pas seulement l’ancien patron de la coalition rouge-verte mais aussi tous les hommes politiques. Et le quotidien de citer l’association indépendante « Lobbycontrol » pour qui tous les hommes politiques de haut rang devraient observer une période de carence de deux ans avant d’entrer au service de l’économie privée.
Pour la Frankfurter Rundschau, l’affaire Gazprom ne prendrait une nouvelle qualité que s’il s’avérait que Gerhard Schröder était au courant de la caution bancaire. Mais dans ce cas, seul son mensonge serait scandaleux et non le fait qu’il ait suivi ce dossier de près pendant qu’il était aux affaires. Ce gazoduc était son projet et en tant que chancelier, c’était à lui de définir les lignes de la politique de son gouvernement.
La Süddeutsche Zeitung rejette toute polémique et relève que Gerhard Schröder, en sa qualité de chancelier, avait raison de se battre pour le gazoduc russe car ce projet permet à l’Allemagne d’assurer son approvisionnement en énergie à une période de bouleversements et de raréfaction des réserves. L’erreur de l’ex-chancelier a été d’accepter d’entrer au service de l’exploitant du gazoduc. S’il n’avait pas accepté ce poste, personne ne parlerait de cette caution bancaire, conclut le journal