Shell condamnée à respecter les accords sur le climat
27 mai 2021C'est une première judiciaire : un tribunal néerlandais a estimé, dans une affaire lancée par un collectif d'ONG environnementales, que le géant pétrolier Shell doit faire plus d'efforts pour réduire ses quantités d'émissions de gaz carbonique d'ici 2030.
Parallèlement, les actionnaires d'ExxonMobil et de Chevron, les deux plus grandes entreprises pétrolières américaines, ont voté ce mercredi pour lutter plus énergiquement contre le changement climatique. Les géants du pétrole qui rechignent à suivre l'Accord de Paris sur le climat sont donc sous pression.
Shell doit revoir son bilan carbone
Shell va devoir réduire ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 de 45% par rapport à 2019, pour se conformer à cette décision de la justice néerlandaise. C'est la première fois qu'une entreprise est contrainte de respecter l'Accord de Paris sur le climat, signé en 2015. Et c'est donc une victoire pour les militants écologistes qui reprochent à l'entreprise de trop polluer dans les 80 pays où le groupe est implanté.
Donald Pols, directeur de l'ONG Milieudefensie, qui faisait partie du collectif à l'origine de l'affaire, se réjouit : "C'est un jour historique. Pour la première fois, un juge estime qu'un gros pollueur, la Royal Dutch Shell, doit arrêter d'accélérer un changement climatique dangereux." Pour Donald Pols, ce jugement "va avoir un impact énorme, non seulement sur Shell, mais sur tous les gros pollueurs aux Pays-Bas et dans le monde."
ExxonMobile et Chevron poussés à faire mieux
Quant aux groupes américains ExxonMobil et Chevron, ils sont mis sous pression par leurs propres actionnaires pour miser davantage sur les énergies renouvelables que sur les hydrocarbures.
Dans le cas d'ExxonMobil, la société pétrolière américaine va devoir accueillir au sein de son Conseil d'administration deux membres qui soutiennent ouvertement les énergies renouvelables.
ExxonMobil devra aussi publier un rapport qui expliquera si ses activités de lobbying sont en conformité avec les engagements pris dans le cadre des Accords de Paris sur le climat. Ainsi en a décidé l'Assemblée générale annuelle qui s'est tenue hier [26.05.21].
La direction d'ExxonMobil avait promis fin 2020 de faire davantage pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre au cours des cinq prochaines années. En février, elle a créé une filiale dédiée aux énergies moins polluantes.
Mais le budget alloué à ces efforts, trois milliards de dollars d'ici 2025, paraît encore insuffisant aux militants défenseurs de l'environnement, ainsi que les techniques de capture et de stockage du carbone prônées par le groupe pétrolier.
Chez Chevron aussi, une majorité des actionnaires réclame que l'entreprise réduise ses émissions de gaz à effet de serre. La proposition a été adoptée à 61% des suffrages des membres de l'Assemblée générale, malgré l'opposition du Conseil d'administration.
Un moment historique?
Plusieurs ONG de défense de l'environnement saluent là encore un "moment décisif" et cette "prise de conscience croissante" de la nécessité de promouvoir une transition vers les énergies renouvelables.
Le président de l'ONG américaine Environmental defense fund, Fred Krupp, souligne aussi que désormais, la lutte contre le réchauffement climatique est devenue un enjeu financier dans un monde où l'"économie s'éloigne du carbone".
Le groupe français Total tient lui aussi son assemblée annuelle demain [28.05.21]. Il pourrait changer de nom pour devenir "TotalEnergies" - une façon d'afficher son souci d'appuyer les énergies plus propres.
Ces changements vont dans le sens de l'Agence internationale de l'énergie qui, dans un avis récent, a réclamé de ne plus investir dans de nouveaux projets d'exploration pétrolière ou gazière.