Shimon Peres, un pacifique et un "tueur"
28 septembre 2016
Un "génie au grand coeur" pour l'ex-président américain Bill Clinton. Un homme qui a travaillé "sans relâche" à une solution à deux Etats pour Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU. Quant au chef de l'État russe, il a salué le "courage" et le "sens de la patrie" de Shimon Peres. Il est surtout connu pour être un des artisans des accords d'Oslo, partageant le prix Nobel de la Paix en 1994, pour "les efforts en faveur de la paix au Moyen-Orient".
"Sans une solution à deux États - sans un État israélien et un État palestinien - nous nous trouvons à nouveau dans un état bi-national. Nous devons maintenant prendre une décision grave, de sorte qu'Israël soit un Etat phare, juif et démocratique."
Né dans l'actuelle Biélorussie, sa famille décimée par les nazis, il arrive en Palestine à l'âge de 11 ans. Il devient l'un des pères fondateurs d'Israël. Pendant plus de 50 ans, il occupe de nombreux ministères, est Premier ministre à deux reprises, puis président de 2007 à 2014.
Amitié avec l'Allemagne
Joachim Gauck, le président allemand, a salué l'artisan de l'amitié entre Jérusalem et Berlin. En 1956, Shimon Peres effectuait sa première visite sur place, rencontrant le ministre allemand de la Défense de l'époque.
"Nous avons été menacés et attaqués de tous les côtés. L'Allemagne doit se sentir responsable en partie de la sécurité d'Israël. Israël est petit et faible, car un tiers de notre peuple a été tué par les nazis. Et le ministre allemand Franz Josef Strauß a dit : peut-être que l'on peut vous céder des armes plutôt que de vous les vendre".
Mais si la figure de l'homme de paix domine aujourd'hui dans les hommages du monde entier, Shimon Peres a aussi une face plus sombre. Celui qui est considéré comme l'architecte du nucléaire israélien a vendu des ogives nucléaires au régime de l'apartheid sud-africain. Il est aussi celui qui a cautionné les premières colonies juives de Cisjordanie occupée. Il était Premier ministre quand l'aviation israélienne a bombardé le village libanais de Cana, tuant 106 civils en 1996. Le lendemain de l'attaque, le reporter Jean Hatzfeld donnait la parole dans le journal Libération à une survivante du camp: "Cet homme, qu'il meure demain ou vive cent ans, pour les Libanais, il sera le tueur de Cana."