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Soldats ivoiriens au Mali : une "prise d'otage" pour Abidjan

12 septembre 2022

La junte au pouvoir à Bamako conditionne la libération des soldats ivoiriens à l'extradition de personnalités politiques maliennes vivant à Abidjan. Une position qui irrite les autorités ivoiriennes.

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Assimi Goïta, chef de la junte malienne, et le président ivoirien Alassane Ouattara
Le 10 juillet, 49 soldats ivoiriens avaient été arrêtés au Mali, qualifiés de "mercenaires"

"C'est une prise d'otage qui ne restera pas sans conséquence. Notre position est claire: ce marché est inacceptable", a affirmé dimanche une source proche de la présidence ivoirienne à l'AFP. 

Après deux mois de détention des soldats ivoiriens au Mali, la Côte d’Ivoire excédée, pourrait à mettre donc la pression sur le pouvoir malien afin d’obtenir la libération des 46 militaires.

Fourniture d'électricité compromise 

Cette pression pourrait se faire à travers la suspension de la fourniture d'électricité au Mali, la fermeture des ports d'Abidjan et de San Pedro aux camions maliens. Sans oublier la suspension de la fourniture des carburants et autres produits pétroliers.

"Si ces décisions sont prises, alors il faudra comprendre que la Côte d’Ivoire décide de riposter à la première action faite par le Mali. Ça sera une riposte. Parce que l’arrestation des militaires ivoiriens, quand bien même qu’il y a eu des manquements au niveau des procédures, tout le monde aujourd’hui s’accorde, aussi bien au Mali qu’en Côte d’Ivoire, pour dire qu’il ne s’agit pas de mercenaires", explique André Silver Konan, journaliste et analyste politique ivoirien.

L'analyste ajoute que si de telles décisions sont prises, le Mali aura le choix entrelibérer les 46 militaires ou passer également à la riposte en prenant aussi des sanctions contre la Côte d’Ivoire.

"Le Mali pourrait maintenir les soldats détenus ou passer à d’autres ripostes comme convoquer l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire, fermer ses frontières aussi à la Côte d’Ivoire de sorte que les approvisionnements venant de là-bas  en matière de bétail notamment ne viennent pas. Mais ça peut être aussi une action d’escalade", poursuit-t-il. 

Un soldat de la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA)
Abidjan assure que ses soldats étaient en mission pour l'ONU, dans le cadre d'opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali Image : Amaury Hauchard/AFP/Getty Images

Qui sortira vainqueur de ce bras de fer ? 

Dans cette crise économique qui se dessine à l’horizon, le Mali aura plus à perdre que la Côte d’Ivoire selon le journaliste ivoirien André Silver Konan. Car, indique-t-il, la Côte d’Ivoire fournit une bonne partie d’électricité au Mali, le pays disposant de deux ports où les opérateurs économiques maliens viennent s’approvisionner. La Côte d’Ivoire fournit également du carburant et d'autres produits pétroliers au Mali. Mais bien plus, poursuit André Silver Konan. 

"La Côte d’Ivoire dispose par exemple du levier de la suspension des transactions financières entre le Mali et la Côte d’ivoire. Et je vous assure qu'à ce niveau-là, il y’a une très forte diaspora malienne en Côte d’Ivoire. Et une très forte population au Mali qui dépend de cette diaspora qui envoie continuellement de l’argent à travers des transactions financière au Mali,  je vous assure que c’est le Mali qui en pâtirait vraiment."

Pour éviter une guerre économique entre ces deux pays voisins, le journaliste André Silver Konan a invité les deux parties à continuer de privilégier la voie diplomatique. Car pour lui, en cas de conflits entre ces deux pays, il n’y aura pas de vainqueur. Mais, il y aura plutôt  une profonde crise de méfiance entre les deux peuples.

Ecoutez l'audio en cliquant sur l'image

Vue aérienne sur Abidjan, le pont de Cocody et le stade de football
Julien Adayé Correspondant en Côte d'Ivoire pour le programme francophone de la Deutsche Welle@AdayeJulien