Sommet extraordinaire de la Cédéao sur le Mali
24 juillet 2020Au Mali, pas d'avancée notoire dans les discussions pour un apaisement dans le pays après la médiation de 5 (cinq) chefs d'État de la Cédéao (communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest).
Les présidents ivoiriens, ghanéens, nigériens, sénégalais et nigérians ont discuté jeudi (23.07.20) à Bamako avec leur homologue malien Ibrahim Boubacar Keita, mais aussi avec le M5-RFP, l'imam Mahmoud Dicko, la majorité présidentielle et la société civile. Des discussions qui ont été sanctionnées par un communiqué final.
Les cinq chefs d'Etat de la Cédéaodépêchés hier à Bamako n'ont fait que constater, de visu, la fracture béante entre le président Ibrahima Boubacar Keïta et le mouvement M5 RFP conduit par l'imam Mahmoud Dicko. Après avoir écouté les différentes parties maliennes, un compte rendu détaillé de leur mission de médiation sera fait au prochain sommet extraordinaire des Chefs d'Etats de la Cedeao en visioconférence lundi prochain.
C'est du moins, ce qui ressort du communiqué final de l'organisation régionale. Mais d'ores et déjà, le président nigérien Mahamadou Issoufou, également président en exercice de la Communauté Économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, exclut l'éventualité d'une démission du président IBK avant la fin de son mandat.
‘'Le départ du président Ibrahim Boubacar Keita est sans ambiguïté une ligne rouge pour la Cédéao qui est régie par un protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance dans l'espace Cédéao. Ce protocole prévoit qu'il n'y a pas de changement anticonstitutionnel du pouvoir dans tous les pays de l'espace Cédéao. Faire partir le président Ibrahim Boubacar Keita aujourd'hui, alors qu'il a été élu démocratiquement par le peuple malien, serait anticonstitutionnel pour la Cédéao.''
''Rien n'a bougé pour le moment''
Une position tranchée de la Cédéao qui risque de compliquer la médiation avec l'opposition malienne qui exige la démission d'IBK.
L'imam Mahmoud Dicko visiblement agacé après les échanges qu'il a eu avec les 5 (cinq) chefs d'État et le médiateur désigné par la Cédéao, l'ancien président nigérian Goodluck Jonathan, estime je cite : ‘'que le chemin est encore long pour parvenir à un accord pour une sortie de crise'' :
‘'Rien n'a bougé pour le moment. On ne nous a rien dit que j'ai pu comprendre. Je voulais vraiment le dire très sincèrement. Je l'ai dit et je le redis, nous sommes un peuple debout. Nous ne sommes pas un peuple résigné ou un peuple soumis. Moi je l'ai dit, e préfère mourir martyr que de mourir prêtre. Les jeunes gens qui ont perdu la vie ne l'ont pas perdu pour rien. Si vraiment ce que nous a dit, si c'est vraiment cause de cela que nous nous sommes réunis, je pense que rien n'a été fait en ce moment.''
Réaction du pouvoir
Du côté de la mouvance présidentielle, on se dit plutôt confiant quant à un dénouement heureux de la situation. Tieman Hubert Coulibaly, président de l'UDD (Union pour la démocratie et le développement) et membre de la majorité présidentielle :
‘' Les Chefs de l'État nous ont demandé de faire en sorte que les recommandations et les pistes de solutions proposées par la Cédéao soient mises en œuvre et rapidement. Notamment pour ce qui concerne l'assemblée nationale et la question des sièges querellés et puis la mise en place d'un gouvernement d'union nationale. Je pense qu'il a été demandé à la majorité présidentielle de faire des efforts dans ce sens afin de permettre une résolution rapide de la crise.''
Selon le président nigérien Mahamadou Issoufou, président en exercice de la Cédéao, des mesures fortes seront prises à l’issue du sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest en visioconférence annoncé pour le 27 juillet.