Le soutien à l'Ukraine au cœur du sommet de l'Otan
10 juillet 2024Les dirigeants des pays membres de l'Otan sont réunis en sommet à Washington. Le renforcement de leur soutien à l'Ukraine est au cœur des discussions du jour, avant le Conseil Otan-Ukraine prévu jeudi (11.07), au dernier jour du sommet.
Joe Biden a été clair dès son discours d'ouverture : l'Otan va fournir à l'Ukraine de nouveaux systèmes de défense pour se prémunir contre les attaques aériennes de la Russie, par missile ou par drone. Parmi les équipements qui seront livrés : quatre batteries Patriot et des systèmes de missiles sol-air qui peuvent intercepter les missiles balistiques russes.
L'Allemagne et d'autres pays vont contribuer à cette nouvelle aide aux côtés des Etats-Unis. Le président ukrainien réclame ces livraisons depuis plusieurs mois pour faire face à la recrudescence des attaques russes.
L'ombre de la présidentielle américaine
Volodymyr Zelenski enjoint l'Alliance atlantique de ne pas attendre les résultats de la présidentielle américaine avant de tenir ses promesses d'aide renforcée :
"Ce sommet de l'Otan est un événement historique, souligne-t-il, mais il est un peu éclipsé par une autre histoire. Il est temps de sortir de l'ombre, de prendre des décisions fortes, d'agir et de ne pas attendre le mois de novembre, ou tout autre mois pour le faire. Nous devons nous montrer soudés, forts et intransigeants."
La course au réarmement face à la Russie
75 ans après sa création, l'Otan s'inquiète du réarmement de la Russie. Dans un entretien à l'Atlantic Council en mai, le commandant de l'ensemble des forces américaines en Europe, le général Christopher Cavoli, a récemment mis en garde contre la capacité de la Russie à reconstituer son arsenal après deux ans de guerre en Ukraine.
Selon lui, "l'armée russe est plus importante maintenant qu'au début de la guerre en Ukraine". Mais Christopher Cavoli estime aussi que si "la Russie se réarme très rapidement", "pour ce qui est de la qualité, on voit qu'elle laisse à désirer pour une partie des troupes." Et il explique que "leur équipement est en partie vétuste, c'est parfois de la récupération de modèles anciens mais ils sont en train de se réarmer. [...] La question n'est pas forcément à quelle vitesse la Russie réarme mais plutôt à quelle vitesse elle recompose ses forces en comparaison des nôtres".
Stratégie de militarisation sur le flanc oriental
Joe Biden a beau clamer que "la Russie ne gagnera pas", l'armée russe a intensifié ses frappes de missiles contre l'Ukraine ces derniers jours.
Les pertes en vies humaines de civils se comptent par dizaines et les destructions d'infrastructures, sanitaires notamment, sont lourdes.
Le chef du gouvernement suédois estime de son côté que la Russie restera "la plus grande menace pour la Suède jusqu'en 2030".
Ces deux dernières années, l'Otan a remilitarisé sa frontière orientale, par des déploiements de troupes et d'équipements militaires lourds, de la Finlande à la mer Noire.
La position des Etats-Unis pourrait changer en cas de victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine. Le candidat républicain a déjà averti qu'il retirerait son soutien aux Etats membres de l'Otan qui ne tiennent pas leurs engagements de financement de l'Alliance.
"Poutine franchit toutes les lignes rouges"
Les dépenses militaires des pays membres de l'Otan ont toutefois explosé depuis le début de la guerre en Ukraine. Christoph Heusgen, secrétaire de la Conférence de Munich sur la sécurité, a rappelé sur la radio allemande Deutschlandfunk que depuis 2019, le nombre d'Etats membres de l'Alliance qui consacrent au moins 2% de leur PIB aux dépenses militaires est passé de neuf à 23 pays.
Par ailleurs, il espère que l'Allemagne ira encore plus loin en livrant ses chars Taurus à l'Ukraine.
"Je ne comprends pas, s'insurge Christoph Heusgen : Vladimir Poutine franchit toutes les lignes rouges, il commet des crimes de guerre en bombardant un hôpital pour enfants [à Kiev] sans hésiter, et ce, à la veille du sommet de l'Otan. Il nous mène par le bout du nez et veut nous montrer qu'il peut faire ce qu'il veut sous nos yeux et nous, on le laisse faire et, on ne livre toujours pas nos chars Taurus."
Christoph Heusgen rejette par ailleurs l'argument régulièrement avancé en Allemagne sur le fait que ce matériel de pointe requerrait la présence sur le terrain de soldats de la Bundeswehr pour le manier. Il rappelle que ce type de chars a déjà été livré à la Corée du Sud sans que des soldats allemands ne restent sur place.
Au dîner de ce soir, le Premier ministre hongrois aura par ailleurs l'occasion de faire le rapport de ses déplacements à Moscou et Pékin. Ces voyages de Viktor Orban, qui n'en avait pas prévenu ses alliés ont fort déplu à Bruxelles et Washington.