La guerre au Soudan provoque la fuite de milliers de civils qui sont dans une large majorité des femmes. De nombreux réfugiés ont en effet franchi la frontière pour trouver refuge à Amdafock, en République centrafricaine.
L’assistance humanitaire s’organise en vue d’une première réponse d’urgence. En revanche, le HCR, qui doit puiser dans ses réserves, lance un appel à la communauté internationale pour faire face à la crise.
Ecoutez l'interview avec le représentant du HCR en Centrafrique, Fafa Olivier Attidzah
DW : La crise au Soudan a contraint des personnes à fuir leur pays pour venir ici, en Centrafrique. Ils sont au niveau de Amdafok. Vous estimez aujourd'hui à combien leur nombre?
Nous avons dépêché, lorsque l'information nous est parvenue d'un afflux de réfugiés à Amdafok, une équipe inter-agences pour constater la situation et aussi essayer de faire les premières évaluations.
À ce jour, un enregistrement de niveau 1, c'est-à-dire le nom du chef de famille et puis la taille de la famille a été effectué et nous somme à un chiffre d'environ 9.700 personnes dont 6.000 environ sont des réfugiés soudanais et 3.400 sont des Centrafricains qui avaient trouvé refuge au Soudan et qui sont revenus spontanément.
DW : La situation qui prévaut à la frontière aujourd'hui inquiète la coordination des actions humanitaires (OCHA) qui estime que cette crise a un impact sur la situation économique et donc l'inflation du prix des denrées de première nécessité. Est-ce que cette situation inquiète aujourd'hui le HCR par rapport à la situation des vivres de ces personnes déplacées ou des retournés et réfugiés?
La majorité des réfugiés qui sont venus sont des femmes. Environ 90 % sont des femmes et des enfants, ce qui traduit la fragilité de la situation de ces populations là et qui montre aussi que les populations les plus vulnérables sont celles qui sont affectées par cette crise.
Bien entendu, la partie centrafricaine était soutenue sur le plan économique par la partie soudanaise. La préfecture de la Vakaga faisait beaucoup de commerce avec le Soudan. Avec le système qui s'est à peu près écroulé aujourd'hui et l'insécurité au Soudan, l'approvisionnement qui est effectué généralement dans cette zone n'est plus possible, ce qui fait qu'il y a une rareté des denrées. Les populations sont affectées, le marché centrafricain aussi est affecté, donc il y a une inflation sur les produits, donc les prix augmentent.
Nous, agences humanitaires, devons lancer un cri d'alarme à la communauté internationale pour comprendre que la situation risque d'être très critique dans les semaines, dans les jours à venir, dans les semaines à venir.
Dans cette zone qui nécessite une attention particulière de tout un chacun pour venir en aide à ces populations, il faut faire venir effectivement des denrées alimentaires ou bien de l'aide humanitaire dans cette zone, à commencer par les denrées alimentaires.
Nous sommes actuellement en discussion avec les partenaires des Nations Unies qui s'occupent de cela et qui sont prêts à intervenir rapidement, une fois que des informations précises sur le profil de ces personnes leur sont fournies.
DW : Quand vous parlez des femmes, cela nous renvoie aux images des enfants qu'elles portent quand elles fuient la guerre. Est-ce qu’aujourd'hui, le HCR dispose des kits nécessaires, par exemple de tentes, de couvertures, pour aider ces femmes à faire face à ce choc qui les contraint à venir ici en Centrafrique?
Oui, nous sommes en train de coordonner notre intervention avec le gouvernement et le ministère de l'Intérieur a une branche qu'on appelle la Commission nationale pour les réfugiés. Nous sommes en étroite collaboration et nous gérons toutes ces situations avec la CNR et aussi avec les autres acteurs humanitaires.
Chaque agence et plusieurs autres agences acteurs humanitaires qui soutiennent l'assistance aux réfugiés acheminent les denrées nécessaires vers la Vakaga. Or il y a un problème d'accès au niveau de la Vakaga. Acheminer des vivres ou des biens dans cette zone un peu difficile compte tenu de l'état des routes et de l'enclavement de cette zone-là. Mais il y a des denrées qui sont en route. Il y en a certaines qui sont déjà sur place dans la Vakaga que nous allons déployer pour venir en aide à ces personnes.
Dans un premier temps, nous sommes en discussion avec le ministère de l'Intérieur et la CNR pour voir comment nous allons organiser la réception de ces personnes-là à l'intérieur de la Centrafrique. Il y a des familles qui sont actuellement assises en plein air et certains occupent des infrastructures sociales desaffectées. Certains s’abritent dans une école par exemple, et c'est là-bas qu'ils sont logés. D'autres sont chez l'habitant au sein de familles centrafricaines qui leur apportent déjà un soutien.
Donc nous avons l'intention d'installer des hangars communautaires pour abriter les familles qui sont en plein air et ensuite essayer d'organiser rapidement la relocalisation de ces familles, de ces réfugiés qui voudront bien aller vers l'intérieur de la Centrafrique, organiser la relocalisation vers la ville de Birao où nous allons installer des hangars communautaires en attendant qu’avec le ministère de l'Intérieur, la CNR et les autorités préfectorales on décide de là où nous allons les installer définitivement.