Les Etats-Unis et Israël médiateurs au Soudan
25 avril 2023Alors que la Ligue arabe et l'Union africaine ont du mal à se faire entendre par les belligérants soudanais, c’est de la part des Etats-Unis qu’est venu, ce lundi, l’espoir d’un règlement de ce conflit inter-soudanais avec l’annonce par le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, d’un cessez-le-feu de 72 heures. Un cessez-le-feu conclu sous l'égide des Etats-Unis.
Selon le chercheur Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, Washington redoute surtout une déstabilisation du pays.
"Le Soudan partage des frontières avec sept Etats. Il y a des intérêts géopolitiques et sécuritaires. Des frontières avec la Libye, avec l'Egypte et d'autres pays africains où les Américains sont présents. Il y a aussi l'Africom qui est censé couvrir le Soudan" explique le chercheur.
Un avis que partage également Riccardo Bocco, professeur de sociologie politique et spécialiste du monde arabe.
Selon lui "les Etats-Unis veulent jouer l'apaisement car voir le Soudan devenir une nouvelle Libye ne conviendrait à personne et surtout pas aux Etats-Unis."
Contrer la Chine et la Russie
Autre explication à l’engagement américain au Soudan : la volonté de contrer l’influence chinoise et russe sur le continent, estime le chercheur Hasni Abidi.
"Il y a deux intérêts : celui des Emirats arabes unis et de la Chine de contrôler les ports maritimes dans cette région qui est très importante pour les Etats-Unis. Et aussi cette volonté de la Chine et de la Russie d'établir des bases militaires au Soudan. C'est un élément crucial. L'intérêt géopolitique pour les Etats-Unis est donc de contrer l'ambition de certains Etats jugés comme étant hostiles à Washington en l’occurrence la Chine et la Russie" précise-t-il.
Israël veut se rapprocher du Soudan
Israël voudrait aussi jouer un rôle de médiateur entre les deux belligérants.
L’Etat hébreu a convié, il y a quelques jours, les deux généraux en guerre, à participer à un sommet de réconciliation en Israël.
Le pays est engagé dans un processus de normalisation de ses relations avec plusieurs Etats du monde arabe, dont le Soudan, dans le cadre des accords d’Abraham.
"Le Soudan fait partie des Etats préférés d'Israël qui est tout content d'avoir le Soudan, un pays avec qui, il a pactisé. Israël est courtisé par les deux parties, notamment par le général Hemedti qui s'est rapproché d'Israël au nom de la lutte contre l'islamisme et le djihadisme. Israël ne veut pas braquer contre lui un ou l'autre acteur du conflit", explique Riccardo Bocco.
En février dernier, le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, s’était rendu à Khartoum où il avait rencontré le général Abdel Fattah al-Burhaneen vue d'une normalisation complète des relations entre les deux pays. Des relations qui ont toujours été tendues sous Omar el-Béchir, en raison notamment de la question palestinienne.
La reconnaissance d'Israël par le Soudan devrait permettre à Khartoum de récolter des dividendes économiques de la part surtout des Etats-Unis.