Au Soudan, l'émissaire de l'Onu jugé indésirable
9 juin 2023Déjà à la fin du mois de mai, dans une lettre au Secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, le chef de l'armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhane, avait réclamé le limogeage du diplomate allemand.
Mais, Antonio Guterres avait alors affirmé son entière confiance à l'égard de son émissaire dans le pays. Face donc au refus du chef de L'Onu de mettre fin à la mission de Volker Perthes, les autorités soudanaises ont donc simplement décidé de le déclarer persona non grata. Ce vendredi (09.06) le porte-parole du secrétaire général de l’Onu a jugé ce positionnement comme "contraire" aux principes des Nations unies et "pas applicable" et assure vouloir maintenir son émissaire.
Le général Al-Burhane accuse Perthes
Le général Al-Burhane l’accuse d’être responsable de la guerre qui a éclaté le 15 avril au Soudan entre ses troupes et les paramilitaires des Forces de soutien rapide du général Mohamed Hamdane Daglo, en ayant « dissimulé » dans ses rapports la situation explosive à Khartoum.
Sans ce rapport qu’il qualifie de "mensonges", le général Abdel Fattah al-Burhane estime que son rival Hemedti n'aurait pas lancé ses opérations militaires.
Pourtant, le diplomate onusien avait admis avoir été "pris par surprise " lorsqu’a éclaté la guerre, qui a fait plus de 1.800 morts, selon les Nations Unies, et plus d'un million et demi de déplacés et réfugiés.
Les combats ont éclaté le jour où les deux généraux rivaux devaient se retrouver pour des négociations visant à intégrer les Forces de soutien rapide à l'armée régulière, comme le réclamait l'Onu depuis des semaines.
Perthes mise sur le dialogue
Alors que de nombreux observateurs prédisaient un échec de ces discussions, Volker Perthes proclamait son "optimisme".
Cet optimisme, il l’avait encore renouvelé le 5 mai 2023 au micro de la DW, quand il rappelait, le travail difficile que font les Nations unies pour s'assurer que le conflit ne dure pas et ne déstabilise d’avantage la région.
"Notre objectif est d'empêcher exactement cela : qu'il y ait une longue guerre qui risque d'amener le pays dans l'abîme. La première étape doit être l’instauration d’une trêve ferme, pas seulement une déclaration de trêve, mais une trêve avec un mécanisme de surveillance. A partir de là, il doit y avoir une étape vers des pourparlers entre les parties en conflit dans l'espoir de former un gouvernement qui fonctionne dans un contexte plus stable", a-t-il expliqué.
Début juin, le Conseil de sécurité n'avait prolongé que pour six mois la Mission intégrée des Nations unies pour l'assistance à la transition au Soudan (Minuats), dont Volker Perthes est le chef.
Cette mission a été créée en juin 2020 pour soutenir la transition démocratique au Soudan après la chute l'année précédente de l’ancien président Omar el-Béchir, la Minuats avait depuis été renouvelée chaque année pour un an.