Sri Lanka, victime d'un terrorisme international débridé
24 avril 2019"La spirale de la violence du terrorisme mondialisé ne connait que des victimes. Même les bourreaux se font passer pour des victimes, en diffusant des justifications absurdes pour légitimer leurs crimes". La Frankfurter Allgemeine Zeitung s'indigne ainsi de cette information des autorités sri-lankaises, selon laquelle ce massacre serait une vengeance après le bain de sang de Christchurch en Nouvelle Zélande, où 50 fidèles musulmans avaient été tués par un suprémaciste blanc pendant la prière du vendredi.
Islam contre christianisme : voilà une tension religieuse "qui ne jouait aucun rôle au Sri Lanka jusqu'à présent", nous dit la Süddeustche Zeitung. C'est pourquoi "il y a fort à croire qu'il faut voir cette attaque comme un attentat terroriste international dont le Sri Lanka n'a été que le pays hôte".
Le tourisme comme moteur économique
Un pays hôte, et hôtelier, qui avant de recevoir des djihadistes était devenu une destination touristique de plus en plus prisée. Le journal ajoute ainsi qu'au Sri Lanka, c'est désormais une autre peur qui va prendre le relais. Celle de la survie économique. "Les habitants craignent que les vacanciers ne viennent plus et que l'une des principales ressources du pays ne disparaisse." C'était pourtant bien parti, puisque le nombre de touristes s'était multiplié par cinq ces dix dernières années. Le pays a ainsi accueilli 2,3 millions de vacanciers en 2018.
Si le tourisme a autant progressé en dix ans, c'est que l'année 2009 avait marqué la fin de la guerre civile qui opposait depuis les années 80 les forces du gouvernement aux séparatistes tamouls. Et c'est l'autre grand défi pour le pays après ces attentats : résister à la division. Pour la Tageszeitung, "les bouddhistes radicaux se sont renforcés après la défaites militaires des tamouls et persécutent de plus en plus les hindous, les musulmans et les chrétiens." Néanmoins, le quotidien estime aussi que cet événement tragique peut être un "signal d'alerte" capable de provoquer "un sursaut" pour la réconciliation nationale.
Le Conseil de sécurité et luttes de pouvoir
Un autre thème également commenté ce mercredi dans la presse est la résolution sur les violences sexuelles lors de conflits, votée hier au Conseil de sécurité. C'était un dossier phare pour la présidence allemande du Conseil mais au final, le texte a été amputé de sa substance par les Etats-Unis et la Russie.
Les Américains ont fait retirer la disposition pour un accès facilité à l’avortement pour les femmes victimes de viol.
"Les victimes ont à nouveau été victimes, cette fois de luttes de pouvoir politiques", écrit le correspondant de la Tagesschau.de à New York, pour qui ce vote est une nouvelle preuve du besoin de réforme du Conseil de sécurité.
"Rien que la menace de véto conduit à la renégociation de décisions souhaitées par la majorité." Ce vote rappelle aussi, encore une fois, que les Etats-Unis sous Trump ne sont plus un "partenaire de confiance."