Les filles, premières victimes du trafic d'êtres humains
24 octobre 2018Dans "Far from Home : The 13 Worst Refugee Crises for Girls" ("Loin de chez elles : les 13 pires crises de réfugiés pour les filles") , l'organisation humanitaire CARE, fait l’inventaire, depuis la première Journée de la fille en 2012, des situations dramatiques dues aux déplacements massifs auxquelles les jeunes filles sont exposées. Beaucoup d'histoires sont horribles : au Nigeria, elles sont recouvertes d’explosifs et utilisées comme bombes humaines. Au Yémen, plus des deux tiers des filles sont mariées avant l'âge de 18 ans.
"Elles sont les premières à être victimes du trafic d’êtres humains à des fins sexuelles ou pour travailler; les premières à être exploitées comme outils de guerre ; et les premières à perdre leur enfance... elles sont les dernières à être nourries, les dernières à être inscrites à l'école et, trop souvent, les dernières à qui l’on accorde de l’importance", énumère ainsi le document.
Ce sont plus de 17 millions de filles dans le monde qui sont prises dans l'"épidémie de déplacements humains" qui a contraint 68,5 millions de personnes à quitter leur foyer. L'histoire de certaines de ces filles réfugiées est racontée dans un rapport de l’organisation humanitaire CARE, publié à l'occasion de la Journée internationale de la fille, le 11 octobre.
Pema, République démocratique du Congo
Pema est tombée enceinte à l'âge de 14 ans à la suite d'un viol et elle a été forcée d'épouser son violeur. Elle a donné naissance à dix autres enfants avant que les médecins ne convainquent son mari de lui permettre d'être stérilisée. Plus tôt cette année, le village de Pema a été attaqué dans la nuit par des milices qui l'ont violée et ont enlevé son mari et son fils aîné. Elle a réussi à s'échapper en Ouganda où elle vit maintenant avec ses dix enfants dans le camp de réfugiés de Kyangwali. Là, elle travaille à éduquer les femmes et les filles sur les violence sexuelles et le mariage des enfants.
Walaa, Syrie
En 2014, des attaques constantes et des bombardements intenses ont forcé Walaa et sa famille à quitter leur foyer. Quatre ans plus tard, Walaa, aujourd'hui âgée de 15 ans, et sa famille vivent à Azraq, à l'est d'Amman, la capitale de la Jordanie, où elle va maintenant à l'école. Son sujet de prédilection est la science, mais elle a aussi une passion pour le cinéma, et avec trois autres réfugiées syriennes de son âge, elle a déjà produit un court documentaire sur son père et son frère intitulé "The Little Engineer".
Les filles méritent d'être éduquées
Il y a près de trois millions d'enfants syriens, pour la plupart des filles, qui, contrairement à Walaa, n'ont pas eu la chance de commencer l’école ou d’y retourner. Nombreux sont celles qui risquent de ne pas avoir accès du tout à l'éducation. Certaines sont mariées tôt, d'autres sont retirées de l'école pour gagner de l'argent pour la nourriture ou le loyer, explique l’organisation CARE. Selon ONU Femmes, les filles des pays touchés par des conflits sont deux fois plus susceptibles de ne pas aller à l'école que celles des pays où il n'y a pas de conflit. Dans le monde, plus de quatre millions d'enfants réfugiés - dont la majorité sont des filles - se voient refuser la possibilité d'aller à l'école.
Cette année, la Journée internationale de la fille visait à attirer l'attention du monde entier sur les besoins et les défis auxquels les filles sont confrontées pour accéder à l'éducation et à un emploi qualifié au même titre que les garçons.
Pour en savoir plus sur la Journée internationale de la fille 2018, consultez le site de l'UNICEF.
Cet article écrit par Marion MacGregor et traduit par Audrey Parmentier a été publié pour la première fois en anglais sur le site InfoMigrants: http://www.infomigrants.net/en/post/12597/refugee-girls-are-most-vulnerable