Sénégal : série de défections dans le camp Sall
12 mai 2017Frustration, mauvaise gouvernance, instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Autant de griefs que les nouveaux opposants reprochent à la coalition et à Macky Sall. Pour le parti au pouvoir, ces défections sont un non-événement. Mais pour les analystes politiques, il y a des risques pour le clan Sall.
Après Serigne Mansour Sy Djamil, Cheikh Bamba Dièye, c’est au tour Jean Paul Dias de claquer la porte de Bennoo Bokk Yaakaar, la coalition au pouvoir. Le leader du Bloc Centriste Gaindé, justifie son départ par la frustration : "Nous avons pris tous les risques possibles et imaginables. Nous nous sommes investis au maximum. Depuis lors, je ferraille matin et soir, nuit et jour, pour que les responsables de mon parti soient associés à la gestion des affaires publiques. Nous sommes à trois semaines de la date de dépôt des listes. Il y a des concertations avec des ralliés et transhumants et on ne nous appelle pas, on ne parle pas avec nous. Alors nous avons dit que nous ne resterons pas les bras croisés".
Autre parti, autre raisons. Fanta Coulibaly, coordonnatrice des cadres du Front pour le Socialisme et la Démocratie, explique les raisons du divorce : "Au lieu de s’occuper des urgences de ce pays, de développer ce pays comme il nous l’avait promis, il s’est attelé à penser à son second mandat. Et tous les partis politique qui n’étaient prêts à travailler dans ce sens, ont été vus comme des ennemis".
Jean Paul Dias reproche également à Macky Sall, l’utilisation de la justice contre ses adversaires politiques : "Quand vous prenez le Maire de Dakar, qui est le président des Maires d’Afrique, vous le mettez en prison sous de fausses accusations, c’est absolument scandaleux et je me suis révolté contre ça".
Le parti du président minimise les départs
A l’Alliance Pour la République, on affirme que ces défections sont permises en politique. Cheikh Ba, est un jeune militant du parti au pouvoir : "Certes on peut dire qu’il y a des défections au sein de la Coalition Bennoo Bokk Yaakaar mais, vous savez, la politique c’est comme ça. A un moment on peut être sur la même longueur d’ondes et au fil du temps, avoir des appréciations différentes de la marche de la Coalition".
Pour le Dr Mouminy Camara, enseignant en communication politique, c’est une menace pour le parti au pouvoir : "On est à quelques encablures des élections législatives. Si des partis politiques, des partis politiques quittent le navire Bennoo Bokk Yaakaar, je pense qu’il y a des craintes, qu’il ya beaucoup de craintes pour le parti au pouvoir".
La coalition Benno Bokk Yaakaar a sorti un communiqué appelant à l’unité autour du Président Sall. Mais l’opposition continue de s’agrandir avec des frustrés
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