Bilan mitigé à l'issue du dialogue national au Tchad
7 octobre 2022Au nombre des recommandations issues de ce dialogue national inclusif : la prolongation de 24 mois de la durée de la transition militaire et la possibilité pour les acteurs de cette transition, notamment le général Mahamat Idriss Déby, de se porter candidat aux prochaines élections.
Des conclusions que dénoncent certains Tchadiens qui estiment que les résultats étaient décidés à l’avance et que le dialogue n’était qu’une mise en scène. C’est ce qu’estime Abdelkerim Yacoub Koundougoumi, coordinateur du Projet pour une alternance crédible au Tchad. Pour lui, tout a été mis en œuvre pour maintenir Mahamat Idriss Déby Itno à la tête du pays.
" Ils ont donné les pleins pouvoirs à un seul homme qui a la légitimité et qui pourra se prévaloir de cette légitimité pour déployer son agenda. Un agenda de la confiscation du pouvoir. On se retrouve avec un président de transition tout puissant qui peut nommer et révoquer des ministres, des parlementaires et même le président du Parlement. Tout a été décidé de façon unilatérale. Rien n’a changé ", estime-t-il.
Certains mouvements armés comme le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (Fact), qui a boycotté ce dialogue, regrettent aussi le maintien de Mahamat Idriss Déby à la tête de la transition.
" Malheureusement, on a vu que les gens se sont empressés de remettre tous les pouvoirs dans une seule main. On dirait que l’agenda fixé était d’ériger un monarque au Tchad. De ce dialogue, nous n’avons rien vu de positif ", dit Mahamat Mahdi Ali chef du Fact.
"Les urnes vont trancher"
Le dialogue a été souverain et les Tchadiens ont tranché librement, rétorque pour sa part, le porte-parole du Mouvement patriotique du Salut (MPS). Pour Jean Bernard Padaré, aucun texte ne s’oppose à une éventuelle candidature du président de la transition aux prochaines élections.
"Je ne vois pas comment on pourrait interdire à quelqu’un qui ne s’est pas encore prononcé de ne pas se présenter. Tout Tchadien qui répond aux textes pourra se présenter. Le juge suprême est le peuple tchadien. Tout est mis en place pour qu’il n’y ait pas de fraudes lors des prochaines élections. On mettra en place les institutions pour nous éviter des situations qui pourraient amener les autres à se révolter."
Retour à la case départ ?
Certains Tchadiens disent redouter un retour à la case départ, une reprise de la lutte armée. Une situation qui serait catastrophique, selon l'analyste Kag Sanoussi. Pour lui, les Tchadiens doivent continuer à se parler.
"Les résolutions prises ne sont pas satisfaisantes pour tous les Tchadiens mais ce dialogue a eu lieu et il faut capitaliser sur ce qui est positif. Il serait dommage qu'à la sortie de ce dialogue, on puisse encore avoir des conflictualités qui émergent de part et d'autre alors que le dialogue sert d’occasion pour épurer les plaies et repartir sur de nouvelles bases."
Le général Mahamat Idriss Deby Itno, qui sera autorisé à briguer la présidence lors de la prochaine élection, devrait être investi lundi prochain (10.10) président de la transition. Il pourrait dans la foulée nommer un nouveau Premier ministre qui sera chargé de former un nouveau gouvernement de transition.