Vers un dialogue national ouvert aux groupes armés au Tchad
11 août 2021C’est mardi (10.08.2021) dans la soirée que le président du Conseil national de transition tchadien, le général Mahamat Idriss Déby Itno, a annoncé l'ouverture du dialogue national aux mouvements politico-militaires. Il s'exprimait à la veille du 61ème anniversaire de l'indépendance du Tchad.
Un dialogue national inclusif destiné à jeter les bases d’un Tchad nouveau... C'est ce que souhaitaient bon nombre de Tchadiens et c’est dans ce sens que semble se diriger Mahamat Idriss Déby Itno.
Lire aussi : Tchad : la junte face au mécontentement de la population
Des actes après les mots
En annonçant l’ouverture du dialogue aux mouvements politico-militaires, le président de la transition précise qu’un comité sera très rapidement mis en place pour définir les modalités pratiques et opérationnelles de leur participation.
Mais pour l’activiste Abel Maina, une chose est d’ouvrir le dialogue, une autre est de donner des garanties. "Le dialogue ne peut être réaliste avec les mouvements politico-militaires que si le gouvernement est sincère dans ses démarches, estime-t-il. Pour le moment rien ne nous prouve que le gouvernement soit sincère. Pour le moment ce ne sont que des discours. Les politico-militaires ou les rebelles sont disposés à dialoguer avec le gouvernement, raison pour laquelle il n’y a pas eu d’affrontements avec le régime."
Lire aussi : Qui pour aller au dialogue national inclusif au Tchad?
Mahamat Mahdi Ali le leader du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), l’Union des forces de la résistance(UFR) de Timan Erdimi ou encore le Conseil national de la résistance pour la démocratie (CNRD) d’Abakar Tollimi avaient en effet déjà fait part de leur souhait de participer aux discussions si les conditions d’un dialogue franc et inclusif sont réunies. Et ils ne sont pas les seuls.
Lire aussi : Tchad : Mahamat Mahdi Ali du FACT, prône le dialogue
Un dialogue "oui mais" encore...
Selon Assileck Halata Mahamat le porte-parole du mouvement Union des Forces pour le développement et la démocratie qui est également pour l'inclusion " ce dialogue doit être parrainé par l’Union Africaine, l’Union européenne et les pays amis du Tchad. Un dialogue ne peut pas se faire au Tchad. Nous excluons cela. Parce qu’il y a beaucoup de conditions avant qu’un politico-militaire puisse venir jusqu’à N’Djamena " précise t-il toutefois.
Pour Saleh Kebzabo, le président de l’Union nationale pour le développement et le renouveau qui soutient la junte militaire, l’ouverture du dialogue est un pas en avant et les discussions devraient s’organiser de façon à rassurer. "Je crois qu’il y aura certainement un dialogue ailleurs qu’à N’Djamena. Un dialogue consacré aux politico-militaires. Il aura forcément un dialogue à N’Djamena, le dialogue politique dit civile. Un deuxième dialogue aura lieu à l’extérieur du pays et qui pourra accueillir ces politico- militaires afin qu’on arrive à des conclusions qui soient acceptables. "
Selon la feuille de route du gouvernement de transition, le dialogue national inclusif sera organisé entre novembre et décembre 2021.
Pour beaucoup, l’enjeu est désormais de faire en sorte que ce ne soit pas seulement une rencontre de plus.