Tchad : du pétrole mais des caisses vides
6 juin 2014Pour faire des économies, le gouvernement a par exemple procédé à la réduction du nombre de ses ministres, qui sont passés de 42 à 27. Selon plusieurs sources, le Tchad a même supprimé les postes de sous-préfets adjoints pour pallier ces difficultés. Malgré cela, le Tchad connaît toujours des tensions en ce qui concerne la trésorerie.
Cette crise a des impacts sur les fonctionnaires. Cela fait plusieurs mois qu'ils attendent d'être payés. À ce sujet, écoutons le député Aba Djouassab Koi. Il est également le 3ème vice-président de l'Assemblée nationale tchadienne :
« Moi qui vous parle, je n'ai pas encore reçu mes indemnités du mois de mai. »
Pour le juriste et économiste Gilbert Maoundonodji, la crise que connaît le Tchad pourrait s'exacerber dans les prochains mois :
« L'un des facteurs explicatifs qui va apparaître dans les deux à trois prochains mois, c'est que pour pouvoir financer son intervention au Mali, en principe le Tchad devait bénéficier des facilités du fonds des Nations Unies, mais compte tenu de la bureaucratie, le Tchad a dû financer sur ses propres ressources à hauteur de près de 100 milliards de CFA. Il ya eu aussi la situation en Centrafrique, donc le Tchad a dû puiser sur ses propres ressources nationales pour y faire face. »
Un sauveteur contesté
Face à cette crise de liquidités, un Tchadien a bien voulu prêter main forte au gouvernement de Idriss Deby, et pas n'importe qui. Selon Ibni Oumar Mohamed Saleh, responsable du Mouvement d'opposition tchadien M3f et fils de l'opposant Ibni Oumar Saleh disparu en 2008, c'est un frère du président qui vient à la rescousse financière :
« Nous avons des sources au niveau de l'administration tchadienne qui nous ont informés que le petit frère du président Saleh Deby a fait une avance de deux mois de salaire afin que les fonctionnaires soient payés. »
Pour Gilbert Maoundonodji, il y a lieu d'enquêter sur la capacité financière d'un individu à venir au secours d'un État :
« Moi j'exerce une approche scientifique donc je ne peux pas me baser sur des rumeurs, toujours est-il qu'un individu ne peut pas être plus riche qu'un État. Et si cela s'avère, il faudrait se poser des questions sur les sources de revenus de ce particulier qui est à mesure de pouvoir suppléer au déficit de l'État. »
Outre la réduction du train de vie de l'État, pour renflouer les caisses du gouvernement, Idriss Deby a demandé l'aide de l'Angola, grand producteur de pétrole.