Tchad: l'opposition contre les résolutions du Forum national
2 novembre 2020Ce deuxième forum national visait à évaluer les conclusions de la première édition, organisée en mars 2018 et largement décrié par la majorité des Tchadiens. Il a permis aux participants, essentiellement favorables au régime du président Idriss Déby Itno, d'opérer des réformes politiques et institutionnelles.
Après trois jours de débat, les participants ont adopté 28 résolutions. Parmi ces résolutions, le passage d'un régime présidentiel intégral à un régime politique parlementaire avec la création de la vice-présidence, l'institution d'un parlement bicaméral avec deux chambres : le Sénat et l'Assemblée nationale. Ou encore la baisse de l'âge pour être candidat à la présidentielle, de 45 ans à 40 ans, et la suppression du serment confessionnel qui viole la laïcité de l’État.
Ainsi, pour le Président Deby, la mission est accomplie.
"Si notre défi, en organisant la 2ème édition de ce forum national inclusif, est de donner un souffle nouveau à la 4ème République, je peux affirmer avec force et conviction que la mission est accomplie. Je note un certain nombre d’innovations qui ont été mises en évidence, il s’agit notamment de la création de la vice-présidence et du sénat. Le forum ayant abouti à sa mission, il ne reste plus le défi de la mise en œuvre effective des différents actes et résolutions".
L'opposition et la société civile assiégées
Alors que ce forum se tenait depuis jeudi (29.11), les sièges de plusieurs formations politiques d'opposition et des organisations de la société qui voulaient organiser un contre-forum citoyen ont été complètement assiégés par la police anti-émeute.
Les domiciles de l'opposant Saleh Kebzabo, Succès Masra et Mahamat Ahmat Alhabo ont été encerclés par la police.
"À cette rencontre, on devrait consacrer 50% de temps à parler de l’alternance. Parce que le moment est venu pour Monsieur Deby de se reposer, mais vous voyez qu’il n’avait pas envie d'entendre ces genres de discours. Donc nous sommes devenus un pays où l’arbitraire est devenu complètement la règle. Et vous en avez ainsi la preuve. Depuis trois jours, nous sommes séquestrés, pris en otage, surveillés, nos libertés d'aller et de revenir sont bafouées. Ça vous montre bien que nous ne sommes pas du tout en démocratie. Et l’injustice prépare le chemin de la révolte. Ceux qui sont en train de vouloir continuer comme avant, plus rien ne sera comme avant", prévient Succès Masra, le président du parti Les Transformateurs.
D'ores et déjà, l'annonce de la création du poste de la vice-présidence suscite de nombreuses réactions. Certains observateurs pensent à une volonté du président Deby de préparer sa succession.