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Gouvernement au Tchad : quel rôle pour les opposants ?

Blaise Dariustone
19 octobre 2022

Au Tchad, l’opinion publique s’interroge toujours sur l’entrée au gouvernement d’union nationale de certaines personnalités de l’opposition.

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Saleh Kebzabo tient un porte-voix lors d'un meeting électoral
Saleh Kebzabo a été plusieurs fois candidat à la présidentielle au TchadImage : Alexis Passoua

Comment expliquer la présence dans le nouveau gouvernement des opposants Laoukein Kourayo Médard et Saleh Kebzabo, ou encore le diplomate Mahamat Saleh Annadif. Pourquoi ces opposants historiques ont-ils accepté de soutenir dans cette transition Mahamat Idriss Déby, dont ils ont combattu politiquement le père ? Plusieurs raisons pourraient être à l'origine de ce revirement et de l'entrée dans le gouvernement de ces trois personnalités.   

D'une part, Mahamat Idriss Deby Itno chercherait à utiliser le carnet d'adresse de Mahamat Saleh Annadif, ancien fonctionnaire des Nations unies, pour convaincre la communauté internationale face à des menaces de sanctions.  

D'autre part, celui-ci pourrait vouloir se servir de la popularité de Saleh Kebzabo et de Laoukein Kourayo Médard pour soutenir son éventuelle candidature à la prochaine élection présidentielle.

Ecoutez le reportage à N'Djamena...

Le fauteuil présidentiel  

Le président de l'Union des démocrates pour le développement et le progrès, Max Kemkoye, ancien militant de Saleh Kebzabo, affirme que "le choix de Mahamat Saleh Annadif pourrait, selon les stratégies du régime de transition, permettre d’éviter à Mahamat Idriss Déby Itno, son entourage et son gouvernement, des sanctions susceptibles de compromettre son rêve de devenir président. Et pour les deux autres (Saleh Kebzabo et Laoukein Médard), c'est un jackpot. Et pour cela il a fallu que Idriss Déby Itno meure." 

Max Kemkoye estime aussi que "sur le plan de la stratégie politique électorale, les deux (Saleh Kebzabo et Laoukein Médard) vont servir de canne à mouches au premier tour des prochaines présidentielles puis reporter leurs voix plus tard au second tour sur le candidat Mahamat Idriss Deby. Celui-ci ne peut pas être imposé au premier tour car cela serait trop flagrant."

Appels à manifester 

L’avocat Max Loalngar partage cet avis. Il est le principal porte-parole de la coalition d’opposition Wakit-Tama, qui met en garde ces nouveaux membres du gouvernement.  

Pour lui, "ils apporteront une petite partition qui permettra au Tchad d'aller de l'avant de toute les manières parce que le peuple est debout. Et s'ils n’en tiennent pas compte, ils vont s'enterrer politiquement. L'échafaudage auquel ils participent s'écroulera de toute les manières et ce sera tant mieux pour le Tchad et pour cette jeunesse qui voudrait voir du nouveau."  

Des manifestants de Wakit Tama
Les opposants de Wakit Tama sont opposés à la manière dont est menée la transition au TchadImage : Blaise Dariustone/DW

Contactées, l’Union nationale pour le développement et le renouveau de Saleh Kebzabo et la Convention tchadienne pour la paix et le développement, de Laoukein Kourayo Médard, n’ont pas donné suite à nos demandes d’interview.  

Signalons que plusieurs partis et organisations de la société civile opposés à la transition appellent à une journée de marche pacifique dans tout le Tchad ce jeudi (20.10), date de la fin des 18 mois de transition. Les organisateurs disent refuser la prolongation annoncée de la transition pour 24 mois.

Vue arienne de N'Djamena
Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais