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Tchad : Saleh Kebzabo est dans le collimateur de la justice

Blaise Dariustone
29 décembre 2020

Dans une note adressée au président de l’Assemblée nationale, le ministre de la Justice a annoncé le début d’une procédure contre le député. Il aurait incité les jeunes de son fief de Tandjilé-Ouest, à la haine.

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Député et opposant tchadien, Saleh Kebzabo
Image : Tchindebbé Patalle

La procédure a été lancée par les autorités après des propos tenus par le député Saleh Kebzabo. Dans une déclaration, celui-ci avait appelé les jeunes de son fief  de Tandjilé-Ouest, à s'organiser contre les agressions des éleveurs en ces termes :

"Vous devez vous organiser pour soutenir vos parents. L’histoire des éleveurs doit s’arrêter et ça ne peut s’arrêter que si vous vous organisez pour arrêter ça. Si vous comptez sur le gouvernement de Déby, vous attendrez même cent ans, ça va continuer."

Tels sont en substance, les propos tenus par l’opposant Saleh Kebzabo le 22 décembre et qui lui créent maintenant des problèmes avec la justice.

Délits d’atteinte à la paix 

Pour les autorités tchadiennes, ces propos "incendiaires" constituent des "délits d’atteinte à la paix et à la tranquillité publique". Des faits que punit le code pénal tchadien.

 Mais l’intéressé, Saleh Kebzabo, ne voit pas en quoi ses propos dérogent à la loi :

"A l’approche des échéances électorales, on cherche déjà à discréditer et éliminer un potentiel candidat" (Evariste Ngarlem Toldé)

"Je maintiens ce que j’ai dit : je ne recule pas d’un seul iota. Quand on est un gouvernement incapable de défendre ses populations, les populations ont le choix de s’organiser pour se défendre ou se laisser mourir et moi je leur demande de s’organiser pour se défendre parce que c’est leur droit le plus absolu. La réponse du gouvernement aurait dû être « oui, le député a raison.. donc organisons un dialogue pour trouver une solution à ce problème qui dure depuis 30 ans."

Si la procédure aboutit, l'opposant pourrait voir son immunité levée, d’autant que le parti au pouvoir est majoritaire à l'Assemblée nationale.

Selon le politologue Evariste Ngarlem Toldé, la procédure vise simplement à empêcher Saleh Kebzabode se porter candidat aux prochaines élections.

"A l’approche des échéances électorales, on cherche déjà à discréditer et éliminer un potentiel candidat. Les propos du président Saleh Kebzabo que j’ai suivis de bout en bout ne sont rien d’autres qu’un cri d’alarme. Il demande simplement à la population de se protéger. Au temps de l’ancien président, Hissène Habré, on n’a jamais assisté à de tels conflits mais curieusement ces dix, quinze, vingt dernières années, l’impression qu’on a, c’est comme si c’est un conflit entretenu. C’est un procès politique qui s’annonce pour simplement éliminer un candidat politique", a déclaré le politologue.

Maladraisse de Kebzabo

Pour Djiddah Oumar Mahamat, le Président de la Commission nationale des droits de l’homme (Cndh) même si Saleh Kebzabo a été maladroit dans ses propos, il ne devrait pas être l’objet de poursuites judiciaires.

"Le Président Saleh Kebzabo a été déjà rappelé à l’ordre par la Commission nationale des droits de l’homme et il a pris note. Je pense que cette situation ne devrait pas enclencher une procédure judiciaire contre lui. Vous savez, les chefs des partis politiques de manière générale sont des gens qui s’expriment par rapport à leurs milieux donc il faut le comprendre. Une poursuite contre lui n’est pas nécessaire. Nous nous approchons des élections donc nous devrions faire très attention pour que nous puissions arriver à des élections apaisées et calmes."

Contacté, le ministre tchadien de la Justice Djimet Arabi a indiqué qu’il ne voit pas l’opportunité de faire des commentaires sur la procédure qui vient d’être enclenchée.

Vue arienne de N'Djamena
Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais