Tchad : Liberté contrôlée pour six leaders de Wakit Tama ?
7 juin 2022Les prévenus qui n'avaient pas voulu au départ prendre part à cette audience ont finalement accepté de prendre place dans le box des accusés sans répondre aux questions des juges. Idem pour les avocats de la défense qui ont adopté une stratégie de boycott. Dans ses réquisitions, le procureur demande alors au tribunal de reconnaître coupables les prévenus des faits qui leur sont reprochés et de condamner chacun des accusés à deux ans de prison ferme, deux milliards de dommages et intérêts à l’Etat tchadien et cent mille francs CFA d’amende chacun.
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''Le Tchad n'est pas libre''
Mais le tribunal contrairement aux réquisitions du procureur, décide de condamner chacun des six leaders plutôt à une peine de 12 mois de prison avec sursis, Cinquante mille francs CFA chacun et à payer solidairement dix millions de francs CFA de dommages et intérêts à l'Etat. Colère de l'un des prévenus, l'avocat Max Loalngar par ailleurs, porte-parole de Wakit-Tama : "Le tribunal a vraiment raté l'occasion d'entrer dans l'histoire. La décision rendue procède d'un jeu d'équilibriste et je comprends. Nous sommes libres mais le Tchad n'est pas libre et donc le combat continue quel que soit le sursis, je le dis en ce qui me concerne.''
Selon toujours cet acteur de la société civile, ''la lutte pour la dignité de l'homme c'est (pour moi) un sacerdoce et il n'y a aucun texte, personne pour nous empêcher. Lorsque nous disons que le Tchad reste aux Tchadiens, la France aux Français c'est une infraction ? Je crois qu'il n' y en a pas et nous continuerons pour que le Tchad retrouve sa souveraineté."
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Un procès politique ?
Un avis que partagent également les avocats de la défense qui annoncent un pourvoi en appel ce mardi matin (07.06.2022).
"Vous savez, une condamnation avec sursis c'est comme l'épée de damoclès qui pèse sur vous et en réalité, cette procédure est un dossier totalement vide ou le tribunal n'aura même pas à entrer dans le fond, mais annuler cette procédure pour vice'', explique Maître Alain Ndilyam.
''Maintenant c'est déjà fait, tout ce qu'on va faire c'est de relever appel en espérant cette fois-ci avoir des juges courageux à la cour d'appel qui puissent dire le droit pour sauver l'image de ce pays mais aussi sauver l'image de cette justice déjà tant décriée et qui ne met pas du tout le citoyen tchadien en confiance" poursuit-il.
Ni le ministère public, ni les avocats de l'Etat tchadien n'ont souhaité répondre à nos questions après ce verdict rendu par le tribunal de Grande instance de N'Djamena délocalisé spécialement à Moussoro pour ce procès tenu sous haute surveillance policière et militaire.