Tchad : Stop aux violences contre les femmes
22 juin 2021Cette marche a été initiée par le Consortium des associations féminines au Tchad, artistes et femmes activistes.
‘'Aujourd'hui nous voulons tout simplement dire non. Non à l'impunité, non aux violences faites aux femmes. Que toutes les femmes qui ont été violées, que justice leur soit rendue'', dit une participante à la marche.
Elles étaient nombreuses, des femmes et filles venues dedifférentes organisations de défense des droits humains, partis politiques, activistes et artistes, pour exprimer leur mécontentement face à la recrudescence des cas de violences contre les femmes.
Des poèmes, recommandations ont été adressés aux autorités tchadiennes à cette occasion.
Besoin de justice
Roukhya Traoré est la vice-présidente de la Ligue tchadienne des droits des femmes, une des organisations initiatrices de cette marche. Pour elle, ‘'Cette marche reste une date historique parce que c'est une première manifestation qu'on a organisé en collaboration avec les forces de défense et de sécurité, avec le gouvernement. L'objectif vraiment de cette manifestation, c'est de dénoncer toutes ces formes de violences qui sont faites à l'endroit des femmes et dénoncer aussi l'impunité des auteurs. Parce qu'on en a franchement marre.'' Et Roukya d'ajouter ,''De jour en jour, on se réveille avec un cas et on s'endort avec un autre cas. Donc nous avons voulu nous faire écouter. Nous avons voulu réclamer cette justice pour les victimes de toutes ces formes de violences basées sur le genre et les inégalités de genre."
''On ne fait pas ça à une femme''
Les Tchadiens se souviennent encore du viol collectif de la jeune lycéenne, Zouhoura, en février 2016 ou encore de la petite Mera en mai dernier, filmés et postés sur les réseaux sociaux par les auteurs.
Les auteurs et complices de ces actes, qui sont pour la plupart des enfants des généraux et dignitaires de l'ancien régime MPS ne sont jusque-là pas inquiétés par la justice, selon Djemila Carole qui s'est jointe à cette marche.
‘'Mais on ne fait pas ça à une femme. La dignité d'une femme c'est son corps, on ne peut pas exposer le corps d'une femme sur les réseaux sociaux. Ou même filmer et montrer à tout le monde qu'être un homme c'est violer une femme. Non, je suis désolée.'' dit Djemila. Pour la jeune dame, ''Même s'ils sont des enfants des généraux ils doivent être condamnés par rapport à cet acte. Ils sont nés d'une femme, ils ne sont pas sortis d'un arbre. C'est lamentable, il faudrait que les hommes prennent conscience qu'une femme n'est pas un jouet sexuel, une marchandise. Il faudrait que ça s'arrête.''
Ni le porte-parole du gouvernement, ni son collègue de la justice, contactés par la DW, n'ont répondu à notre demande d'interview.
Du côté du parquet, on affirme que c'est une affaire politique. Même la ministre de la femme invitée à cette marche par les organisatrices a brillé par son absence.