Thomas Lubanga libéré, le volet dédommagement en suspens
16 mars 2020Pour certains il est innocent mais pour d'autres il est un bourreau. Thomas Lubanga lui, n'a pas voulu tout de suite s'exprimer.
14 ans, voilà le temps qu'il vient de passer derrière les barreaux. D'abord ceux de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye où Thomas Lubanga est resté en prison depuis son arrestation en 2006 jusqu'en 2015, année à laquelle il est transféré vers son pays la République démocratique du Congo (RDC) pour purger le reste de sa peine.
Pour Jean-Baptiste Dhetchuvi, cadre du parti politique Union des patriotes congolais (UPC), formé par Thomas Lubanga, c'est une nouvelle ère qui commence pour la région de l'Ituri. Avec tout le temps passé en prison, explique-t-il, "l'occasion a été donnée à Thomas Lubanga de mener des réflexions et le grand rôle qu'il jouera c'est la pacification des Congolais de l'Ituri. L'Ituri est abandonnée et au moment où je vous parle, les massacres se poursuivent tous les jours. Il est attendu par tous les Ituriens".
Un retour dans un contexte de tensions
Des violences continuent d'opposer les Hema, la communauté d'origine de Thomas Lubanga, aux Lendu.
Un rapport de l'ONU présenté en janvier 2020 dressait un bilan de 700 morts entre 2017 et 2019 en soulignant un possible génocide ou des crimes contre l'humanité dont la grande majorité serait des Hema. Ce rapport est contesté par les Lendu.
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Par ailleurs la libération de Thomas Lubanga relance la question du dédommagement des victimes. C'est la préoccupation de Dimanche Kinyamwanza, coordonnateur de l'ONG "Forum des amis de la terre".
Nécessité de dédommager les victimes
"Il a été condamné et il a été libéré ! Mais quelle leçon, qu'est-ce qu'on va apprendre de lui ?", s'interroge cet acteur de la société civile congolaise.
"On aurait bien voulu aussi que la justice, au-delà du droit, arrive aussi à réparer les torts sociaux, ce qui serait une sorte de bon équilibre ou une justice distributive. Quelqu'un qui a vu ses enfants massacrer, tout le village brûler, et qui voit ce Monsieur circuler, c'est ça en fait le fossé entre la justice sur papier et la justice sociale", poursuit Dimanche Kinyamwanza.
En le condamnant en 2012 pour enrôlement d'enfants-soldats, la CPI a publié un communiqué déclarant Thomas Lubanga indigent, c'est-à-dire qu'il ne possédait au moment de la condamnation aucun bien ou avoir. La CPI a aussi indiqué qu'il pouvait présenter volontairement des excuses aux victimes, de façon publique ou confidentielle.
La CPI a cependant condamné Thomas Lubanga au versement, aux familles de victimes, de réparations s'élevant à 10 millions de dollars.