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Aux Etats-Unis, en attendant "Inauguration Day"

Clare Roth | Carole Assignon
12 novembre 2024

Plusieurs semaines séparent l'élection présidentielle de l'Inauguration Day, le jour d'investiture du vainqueur. Voici pourquoi.

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Donald Trump lors d'une cérémonie
Donald Trump devra attendre plusieurs semaines avant de sa prestation de sermentImage : Evan Vucci/AP Photo/dpa/picture alliance

Aux Etats-Unis, l'élection présidentielle a eu lieu le 5 novembre dernier, mais ce n'est que le 20 janvier 2025 que le vainqueur annoncé, Donald Trump, prêtera serment. Ce sera le jour de l'investiture. Ailleurs, en Europe notamment, les choses se passent différemment. La France, par exemple, investit son président dix jours seulement après l'élection. Au Royaume-Uni, le vainqueur des élections législatives est investi le lendemain. Les Américains devront eux faire preuve de patience pendant plusieurs semaines.

Pendant plus d'un siècle, les Etats-Unis n'ont pas investi leur président avant le mois de mars. Ce délai laissait potentiellement le temps à l'administration de rester en place pendant quatre mois supplémentaires.

Cette situation a changé en 1933, avec la ratification du 20e amendement à la Constitution américaine, au plus fort de la crise économique de la Grande dépression. Le jour de l'investiture a été déplacé du 4 mars au 20 janvier.

A l'époque, le pays connaissait un taux de chômage de 25 %, le plus élevé jamais enregistré dans l'histoire des Etats-Unis.

Franklin D. Roosevelt, fraîchement élu, attendait d'entrer en fonction tandis que le président sortant, Herbert Hoover, était "presque sorti de la Maison Blanche", selon Matt Dallek, historien et professeur de gestion politique à l'université George Washington (Etats-Unis) qui explique que cette décision a été prise "pour limiter les risques de chaos, d'instabilité et de gouvernement sans chef".

Certification des résultats des élections

Le processus de l'élection présidentielle américaine à l'investiture est complexe. Selon Erik Engstrom, professeur de sciences politiques à l'université de Californie à Davis, " la machinerie électorale des Etats-Unis est très décentralisée ".

Après la fermeture des bureaux de vote le jour du scrutin, les bulletins sont comptabilisés par des agents électoraux dans des milliers de circonscriptions électorales à travers le pays. Ces résultats sont généralement transmis à une base de données nationale le soir de l'élection. C'est ainsi que le pays apprend qui est censé avoir gagné la course.

Bien que ces premiers résultats indiquent presque toujours un vainqueur clair, ils sont toujours considérés comme non officiels et non certifiés.

Un agent électoral range des bulletins de vote
Du dépouillement à la certification, le processus dure plusieurs joursImage : Matt Slocum/AP Photo/picture alliance

Après la soirée électorale, le processus de certification commence dans les différents Etats, ce qui implique des tâches telles que l'examen des bulletins rejetés par les machines à voter, le dépouillement des bulletins arrivés après l'élection officielle - par exemple ceux des citoyens américains vivant à l'étranger - et la gestion de tout conflit lié au dépouillement des votes au sein de l'Etat ou de ses municipalités.

Une fois les litiges réglés et les résultats comptés, ils sont envoyés au gouvernement de l'Etat pour être certifiés par le gouverneur.

Contrairement à la plupart des autres pays, les présidents américains ne sont pas élus par la majorité de la population, mais par les grands électeurs du Collège électoral américain.

Lorsque les gens votent lors de l'élection présidentielle américaine, ils ne votent pas en fait pour le président, mais plutôt pour les grands électeurs du candidat.

 Un candidat a besoin de 270 Grands électeurs pour remporter une élection.

Ainsi, lorsque le gouverneur certifie les résultats, il certifie en fait la liste des grands électeurs.

Ces grands électeurs se réunissent à la mi-décembre pour exprimer les votes électoraux officiels de l'État. Leurs réponses sont envoyées au Congrès.

Décompte des voix au Congrès

Le Congrès se réunit le 6 janvier pour compter les votes électoraux reçus des 50 Etats américains. Le vice-président américain préside l'élection et annonce le vainqueur.

En 2021, Donald Trump avait affirmé à tort que l'élection de 2020 lui avait été "volée", ce qui avait suffisamment excité ses partisans d'extrême droite pour qu'ils prennent d'assaut le Capitole, le 6 janvier, afin de tenter d'empêcher le décompte des voix. Joe Biden a tout de même été annoncé comme le vainqueur légitime.

Au cours des semaines suivantes, jusqu'au jour de l'investiture, qui aura lieu le 20 janvier, le nouveau président américain va continuer à annoncer la composition de son cabinet. Ainsi, l'influent sénateur de Floride, Marco Rubio, est pressenti comme le prochain chef de la diplomatie américaine.

Trump et Rubio lors de la campagne électorale
Le sénateur de Floride, Marco Rubio, est pressenti comme le prochain chef de la diplomatie américaineImage : Evan Vucci/AP Photo/picture alliance

Dans les rares cas où il y a égalité et que les deux candidats obtiennent 269 voix du collège électoral, ou qu'aucun n'obtient les 270 voix requises, la Chambre des représentants (la chambre basse du Congrès américain) est chargée de désigner le vainqueur.

Le calendrier de novembre à janvier entre l'élection et l'investiture, tel qu'il est défini dans la Constitution des Etats-Unis, a également une composante logistique.

Il s'agit en quelque sorte d'un artefact historique, selon Michael Berkman, professeur de sciences politiques à l'université d'Etat de Pennsylvanie, qui explique qu'il fallait autrefois beaucoup de temps pour venir à New York pour l'inauguration, depuis les 13 Etats d'origine, en référence aux 13 colonies qui existaient lorsque la Constitution américaine a été mise en application, en mars 1789.

Le temps de déplacement vers le centre du gouvernement américain, situé à l'époque à New York, explique-t-il, a joué un rôle important dans la manière dont l'ensemble du gouvernement et ses processus ont été conçus.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique