Trump, le client pas comme les autres de la Deutsche Bank
11 novembre 2020La Deutsche Bank en aurait assez de se retrouver en permanence à la Une d'une actualité peu reluisante pour Donald Trump, un homme qui s'est lui-même surnommé "le roi de la dette".
C'est ce que confiaient récemment trois managers de la banque, sous couvert de l'anonymat, à l'agence de presse Reuters. Ces derniers mois, une commission consacrée aux risques de nuisance à l'image de l'entreprise a ainsi discuté les différentes options pour se défaire de ce client devenu trop encombrant.
Un client qui devait jadis servir à la Deutsche Bank à étendre son influence aux Etats-Unis.
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En 20 ans de relations, la Deutsche Bank aurait ainsi prêté quelque deux milliards de dollars à l'homme d'affaires, à ses entreprises et sa famille, là où de nombreuses banques américaines étaient sorties du jeu après une série de faillites du magnat de l'immobilier au début des années 1990.
Déclarations d'impôts
Mais depuis, Donald Trump est devenu président, un président qui a toujours refusé de rendre public ses déclarations d'impôts comme le veut la tradition. Un manque de transparence qui soulève des doutes sur sa fortune et de possibles conflits d'intérêts.
Pour tenter d'en savoir plus, trois commissions de la Chambre des représentants aux mains des démocrates mais aussi la justice mènent l'enquête.
Dans ce tourbillon, la Deutsche Bank se retrouve régulièrement citée par les médias car sommée de fournir des documents financiers. Son nom est aussi apparu dans l'enquête sur les affaires de Donald Trump en Russie, sur fond de soupçons de blanchiment d'argent.
Crédits à vendre
Selon le spécialiste finances du New York Times, David Enrich, "il est très clair que les managers de la Deutsche Bank en ont depuis longtemps plus qu'assez de Donald Trump."
Dans une interview à la Tagesschau, celui-ci estime que la banque "va faire tout ce qui lui est possible pour revoir à la baisse sa relation" avec le milliardaire.
Cette relation, ce sont les crédits contractés par Trump, ses entreprises et sa famille. On parle de près de 340 millions de dollars à rembourser dans les quatre prochaines années. Si ce n'est pas fait, et comme Donald Trump n'est plus président, la banque pourrait confisquer des biens.
Mais que ce soient ses hôtels ou ses clubs de golf, ces affaires sont pour la plupart dans le rouge, encore plus depuis l'effondrement du secteur du tourisme cette année.
Alors l'une des options évoquées par les managers de la Deutsche Bank est de revendre ces crédits. Encore faut-il trouver un acheteur.