Alliée de Moscou, la Centrafrique est partagée sur l’Ukraine
4 mars 2022A l’Université de Bangui, les étudiants sont partagés entre ceux qui soutiennent la Russie dans ce conflit et ceux qui s’inquiètent de son influence dans le pays. Certains ne dissimulent pas la crainte qu’ils ont de voir leur gouvernement choisir un allié comme la Russie. Trésor Koyamba, étudiant en sciences économiques, souhaite ainsi que la Centrafrique reste neutre dans ce conflit :
"On doit faire preuve de sagesse. Ce n'est pas parce qu'on est attachés avec la Russie qu'on doit s'engager derrière la Russie, ou avec la France qu'on doit s'engager derrière la France. On doit rester impartial. Cette guerre, c'est la guerre des grandes puissances et la RCA doit faire très attention à ne pas s'inviter dans cette affaire."
Un avis que ne partage pas Alimatou Dondayen qui met en avant la réciprocité en retour de l'aide militaire apportée par la Russie :
"C'est la Russie qui nous aide, c'est eux qui nous ont apporté beaucoup d'aide et qui nous ont libéré de beaucoup de difficultés."
"Système d’alignement"
Alors que la position de la Centrafrique est ambigüe, Charles Armel Doubane, ancien ministre des Affaires étrangères et enseignant chercheur à l'Université de Bangui, redoute pour sa part l'alignement du pays derrière la Russie :
"La préoccupation est davantage entre l'Europe, l'Otan et la Russie par rapport à l'Ukraine. Ce pays est situé stratégiquement aux portes de l'Europe et c'est une préoccupation occidentale mais les conséquences arrivent en Centrafrique parce que vous savez, depuis quelques jours, le prix du gaz et du pétrole a flambé. Nous ne sommes pas producteurs, nous ne sommes que de grands consommateurs."
Pour celui qui a été ancien ambassadeur de la Centrafrique à l'Onu, "la RCA ne peut pas se positionner automatiquement dans cette situation mais si je regarde un peu ce qui se passe, la proximité de plus en plus grande entre Bangui et Moscou m'amène à penser que tôt ou tard, on va se retrouver dans un système d'alignement quand les positions vont être prises au niveau des Nations unies. J'ai bien peur que la RCA, si elle ne s'abstient pas, risque de soutenir envers et contre tout Moscou."
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La Centrafrique s’est d’ailleurs abstenue, comme le Mali, lors du vote mercredi par l’Assemblée générale des Nations unies de la résolution condamnant l’invasion russe de l’Ukraine.
La présence des mercenaires de Wagner est en revanche régulièrement démentie par le pouvoir centrafricain qui affirme qu’il s’agit de simples instructeurs.