Ukraine : les coudées franches pour Zelensky
22 juillet 2019L'Ukraine "s'apprête à vivre plusieurs mois passionnants", nous dit la Süddeutsche Zeitung. Le Parlement devrait se remplir "de députés novices et inexpérimentés. Le désir de voir de nouveaux visages est énorme ; il symbolise le souhait de remplacer l'ancienne et en partie autoritaire élite politique et de faire de la place pour une volonté de réformer".
Reste que, anticipe le journal, "les attentes sont tellement fortes que de nouvelles déceptions sont quasiment inévitables". Pour le quotidien de Munich, il faut avant tout s'armer de patience, car éradiquer la corruption et augmenter le niveau de vie des Ukrainiens va prendre des années et non pas des mois. Sans oublier l'Est de l'Ukraine, où la guerre entre pouvoir et séparatistes soutenus par la Russie a fait plus de 10.000 morts depuis 2014 et où, selon la SZ, "la paix est impossible sans Moscou".
Incertitudes face à la Russie
Et c'est ce dossier, peut-être le plus brûlant, que questionnent avant tout les éditorialistes allemands. "Briser des structures corrompues, rassembler une société qui se délite, et en même temps gagner une guerre contre une grande puissance ou du moins la contenir, ce serait déjà une tâche herculéenne pour un chef d'Etat expérimenté", commente ainsi la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le journal souligne, que l'on sait peu des intentions du nouveau président vis-à-vis de la Russie. "Si Volodymyr Zelensky a clairement été élu en avril, ce que l'ancien acteur compte faire dans le détail est incertain".
Die Welt ajoute de son côté, que le parti de Zelensky s'adresse à plusieurs franges et groupes de la société ukrainienne, contrairement aux partis populistes en Europe qui divisent. "Mais c'est justement ce qui pourrait constituer un danger pour l'Europe", croit savoir le site d'information. Car "bien que les électeurs de Zelenski sont globalement pro-européens", son parti a aussi convaincu beaucoup de personnes "qui souhaitent un nouveau rapprochement avec la Russie".
Zelensky pourrait ainsi vouloir répondre aux attentes des Ukrainiens à l'Est, qui n'en peuvent plus de la guerre. Si dans ce cas "il abandonne la ligne dure suivie par son prédécesseurs Petro Porochenko et se laisse convaincre par un compromis avec le Kremlin, alors cela devient aussi un problème pour toute l'Europe".
L'habileté tactique de l'Iran
Autre sujet de géopolitique à la Une des journaux allemands aujourd'hui, les tensions entre l'Iran et la Grande Bretagne. Téhéran bloque un tanker britannique dans le détroit d'Ormuz, en réponse à l'arraisonnement d'un pétrolier iranien au large du détroit de Gibraltar. Londres avance main dans la main avec Washington, selon la Tageszeitung. Mais le quotidien estime que "l'Iran se trouve en position de domination". "La force et la supériorité de l'Iran s'expliquent car le pays s'est habitué depuis des décennies à vivre avec des sanctions internationales."
Si ces sanctions sont renforcées, "la population iranienne va en souffrir et être en colère". Mais contre qui ? L'évaluation du régime selon laquelle les sanctions sont une forme de "terrorisme économique est partagée par la majorité de la population". La taz conclut en rappelant que l'habileté stratégique de Téhéran est sous-estimée. "Ces 15 dernières années, les Iraniens ont réussi, sans mener de guerre, à renforcer leur domination dans toute la région."