Ukraine: Timochenko contre Ianoukovitch
5 février 2010D'un côté, nous avons une Ioulia Timochenko qui qualifie son adversaire de "lâche" et de "mauviette" pour avoir refusé de débattre avec elle à la télévision.
De l'autre, nous avons un Viktor Ianoukovitch qui déclare qu'il est "impossible de discuter avec une femme" et que la place de sa rivale est dans "la cuisine". Au-delà de ses politesses échangées lors de la campagne électorale, les deux candidats ont prévenu qu'ils contesteraient toute fraude présumée dans la rue et devant les tribunaux. Autrement dit, quel que soit le résultat dimanche, les lendemains de l'élection devraient être mouvementés.
Petit rappel. Lors du premier tour - c'était le 17 janvier - Viktor Ianoukovitch était arrivé largement en tête avec 35% des voix contre 25% pour Ioulia Timochenko. Le président sortant, Viktor Iouchtchenko, n'avait lui obtenu que 5,5% des suffrages. Aucune irrégularité majeure n'avait été relevée par les observateurs internationaux. Il n'empêche qu'en 2004, ce sont des accusations de fraudes massives qui ont débouché sur la Révolution orange. Une révolution pacifique au cours de laquelle des dizaines de milliers d'Ukrainiens étaient descendus dans la rue pour manifester contre la soi-disant victoire de Viktor Ianoukovitch. Et en tête des cortèges, on trouvait, devinez qui, Ioulia Timochenko et Viktor Iouchtchenko. Autrement dit, les protagonistes de 2010 sont pratiquement les mêmes que ceux de 2004.
Ce qui a changé en revanche - et cela aura forcémment un impact sur les résultats - c'est la situation économique de l'Ukraine et sa dépendance accrue à la Russie. En 2009, le produit intérieur brut de cette ancienne République soviétique a dégringolé de 15% et s'est retrouvé pour la première fois dans le rouge depuis 2000. La devise nationale, la hryvnia, est elle aussi en chute libre tout comme les investissements étrangers. Alors l'Ukraine comme les autres pays européens a bien-sûr souffert de la crise économique mondiale mais, selon les experts et les hommes d'affaires, c'est aussi les promesses de réformes non tenues et l'instabilité politique qui sont responsables de la situation du pays.
Selon les derniers sondages, Viktor Ianoukovitch est donné vainqueur du second tour. La question du choix de son Premier ministre sera alors posée. Qui sait si les partisans de Ioulia Timochenko ne feront alors pas pression non pour réviser les résultats mais pour que leur candidate reste au poste de Premier ministre.
Auteur: Konstanze von Kotze / Edition: C.D