Un an de contestation au Bahreïn
14 février 2012Depuis plus de deux siècles, cette famille sunnite règne sur Bahreïn, un royaume composé de deux archipels dont la superficie terrestre totale ne dépasse pas 680 km².
Le 14 février 2011, des groupes d'opposition et une partie de la population en majorité chiite descendaient dans les rues de Manama, la capitale du royaume et l'une des premières places financières du Golfe, pour exiger des réformes démocratiques et plus de libertés politiques. Le « lieu du repos », c'est ce que signifie Manama en arabe, s'était alors transformé en un lieu agité de contestation jusque vers la mi-mars. Le monarque sunnite Hamad Ben Issa Al-Khalifa et son oncle, le Premier ministre, avaient alors usé de la force brutale pour stopper ce mouvement et faire évacuer la place de la Perle où campaient les manifestants. Ils avaient même fait appel à l'Arabie Saoudite qui avait alors envoyé des unités de ses forces de sécurité pour mater la révolte. Le bilan de la répression s'était élevé à 35 morts, dont cinq policiers.
Un pays jadis considéré comme un modèle
Après son accession au pouvoir, le roi actuel, âgé aujourd'hui de 62 ans, avait lancé un processus d'ouverture et de réformes. Le 14 février 2001, Hamad Ben Issa Al-Khalifa avait fait approuver par référendum une nouvelle Charte nationale. Depuis, Bahreïn dispose d'un Parlement à deux chambres : une chambre de 40 députés élus au suffrage universel et un conseil consultatif désigné par le roi, la Choura.
Depuis 2002, des élections municipales et législatives ont lieu tous les quatre ans. Par ailleurs, la constitution introduite en 2002 a accordé le droit de vote aux femmes et sensiblement renforcé leur intégration dans la vie active. Il faut noter également que Bahreïn a été le premier pays au monde à s'être soumis, en avril 2008 à l'examen périodique du Conseil des Droits de l'Homme.
Des tensions subsistent dans le royaume
Ce mardi, la police a dispersé quelques centaines de manifestants à Manama. Ils étaient venus de villages chiites proches. Une partie de la communauté chiite estime être toujours victime de discriminations. Des critiques d'ailleurs relayées par plusieurs ONG internationales, dont l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch.
Dans un discours à l'occasion du 11ème anniversaire du lancement de la Charte nationale, (qui coïncide avec le premier anniversaire du début de la contestation contre son régime), le roi a appelé à « la cohésion » entre les communautés chiite et sunnite. Hamad Ben Issa Al-Khalifa a aussi promis de poursuivre le processus de réformes, de développement et de modernisation du pays lancé il y a une décennie.
Reste à voir si ces paroles seront traduites dans les faits.
Auteur : Philippe Pognan
Edition : Marie-Ange Pioerron