"Au bord du gouffre"
13 novembre 2015"Un pays au bord du gouffre", "une escalade de la violence programmée": pour la Süddeutsche Zeitung, de Munich, la mutation du conflit est claire. "Au début de la crise, la plupart des observateurs sont tombés d’accord pour dire qu’il s’agissait au Burundi non pas d’un conflit ethnique, mais bien d’un conflit politicien autour des ambitions hégémoniques" d’une petite minorité.
"Des deux côtés, celui des partisans du président comme celui des opposants, on trouvait des Hutus et des Tutsis. Mais aujourd’hui, le conflit s’ethnicise" affirme le journal, qui relate le passage au peigne fin, par la police, du quartier de Mutakura à Bujumbura, la capitale burundaise, dimanche dernier. "Un quartier à majorité à Tutsie", rappelle la Süddeutsche, avant de conclure : "Pierre Nkurunziza a bien des chances de rentrer dans l’histoire comme l’homme qui aura déclenché un nouvel embrasement dans la région des grands lacs - Même si les mises en garde contre un génocide, comme celui du Rwanda, pourraient s’avérer exagérées."
La communauté internationale, trop passive
Sur la question du génocide, la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la FAZ, est moins prudente et parle de "risque avéré". Alors le monde doit réagir, exhorte le quotidien de Francfort. Par exemple l’Union Européenne : "elle finance une grande partie du budget de l’État burundais. Celui-ci détourne l’essentiel de cet argent à des fins privées, donc des sanctions économiques ne porteraient pas préjudice à la population."
Une idée portée également par die tageszeitung, de Berlin, qui déplore des "sanctions internationales a minima". Ce que le journal berlinois explique par "la peur d’un conflit régional : si les Tutsis du Burundi se tournaient vers le président du Rwanda Paul Kagame, un Tutsi, pour trouver protection, face à la propagande toujours plus violente du président Hutu Pierre Nkurunziza".
Raviver la mémoire des combats de Ken Saro-Wiwa
La Süddeutsche Zeitung s'est intéressée au Delta du Niger, dans le Sud du Nigeria, où se joue "une tragédie": au royaume du pétrole, rien ne va plus, s'indigne la Süddeutsche. "Les installations en piteux état fuient, les habitants meurent en moyenne à à peine plus de quarante ans à cause des atteintes à l’environnement, les jeunes au chômage s’abiment la santé en traitant eux-mêmes de l’essence qu’ils revendent sur le marché noir. Et un nom, qui revient toujours dans cette tragédie : Shell. 20 ans après la mort de Ken Saro-Wiwa, qui dénoncait déjà les atteintes aux droits humains et à l'environnement causées par l'exploitation pétrolière, son combat n’a pas perdu en actualité. L’Europe ferait bien de s’y intéresser", elle qui veut s'attaquer aux causes des migrations africaines vers l'Europe.