Une Crimée de plus en plus russe
12 mars 2014A l'approche du référendum en Crimée, tous les éditorialistes s'accordent à penser que l'Ukraine va perdre cette province et que le dit réferendum n'est qu'une farce. Probablement avant la fin de ce mois, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la Russie aura une frontière extérieure non reconnue par le reste du continent européen. Dans le meilleur des cas la Crimée sera sur la carte une plaie d'où émanera à tout moment un risque d'infection pour la stabilité politique de l'Europe. Dans le pire des cas, et il n'est malheureusement pas improbable, on se dirige vers une confrontation armée.
Après la visite du ministre allemand des affaires étrangères dans les trois républiques baltes, les Badischen Neuesten Nachrichten notent justement que la peur grandit dans ces anciennes républiques soviétiques. Que se passera-t-il, demande le journal, si la Russie poursuit ses plans expansionnistes et, après la Crimée, veut reprendre sous son aile d'autres pays de l'ex-URSS? Le ministre allemand a fait un geste. Mais le comportement de l'UE en ces temps de crise n'est pas de nature à inspirer la confiance. Si l'on veut éviter que la Crimée ne soit un exemple du succès de la politique d'agression russe, il importe d'appuyer à fond sur la pédale de frein.
L'Union européenne menace la Russie de sanctions, note die tageszeitung. Mais l'idée que Poutine se laisse forcer la main par l'UE est d'une naïveté sans borne. Poutine est un autocrate qui refusera de perdre la face. L'UE est en train d'éclairer un dépôt de munitions avec une allumette, souligne le journal qui plaide au contraire pour plus de coopération avec Moscou.
Dans ce contexte le quotidien Die Welt revient sur la dimension économique du conflit et relève que l'Allemagne a peur d'un embargo sur le gaz russe destiné à l'Europe de l'ouest. Or estime le journal, l'imbrication des secteurs énergétiques allemand et russe peut avoir un effet apaisant sur le conflit. Plus les sommes en jeu sont importantes, plus le Kremlin sera prêt au compromis.
Enfin pour la Frankfturter Rundschau, s'il est clair que Poutine atteindra son objectif en Crimée, à moyen et long terme la Russie sera perdante. Car explique le journal, elle paiera sa mainmise sur la Crimée par la perte du reste de l'Ukraine qui s'arrimera définitivement à l'ouest.