Une école de foot de Ziguinchor panse les plaies du Joola
26 septembre 2017Ce mardi 26 septembre marque le quinzième anniversaire de la catastrophe du navire le Joola qui avait sombré au large des côtes gambiennes, alors qu'il effectuait la liaison Ziguinchor-Dakar.
Parmi les 1.863 victimes de cette tragédie figurait une équipe de football issue d'une école de formation, créée dans un quartier populaire de Ziguinchor par une ancienne joueuse internationale sénégalaise.
Quinze ans après cette tragédie, notre correspondant dans la région, Mamadou Alpha Diallo, s'est dans ce quartier pour voir ce qu'est devenue cette école de football.
Chaque maison a perdu un enfant
Nous sommes à Belfort, un quartier populaire de Ziguinchor, devant un terrain vague. C'est ici que s'entraînent les enfants de l'école de football Aïcha, du nom de la fondatrice de cette académie qui avait perdu une équipe entière de football dans le naufrage du bateau le Joola.
En l'absence de la responsable, partie entraîner l'équipe nationale du Sénégal féminine des U20, c'est Ben Michel Kanfondy, un ancien pensionnaire qui nous replonge dans cette tragédie. Il se souvient: "C'est une équipe entière qui a péri. Toutes les maisons, ici, autour du terrain, avait un garçon au moins dans notre école de football. C'était très dur."
La volonté d'une dame de fer
Michel Kanfondy, le regard plein d'émotion, confie que c'est la force de caractère d'Aïcha qui a permis de relancer cette académie après la tragédie: "Aïcha est une dame de fer. Elle a su avoir les ressources nécessaires pour rebâtir l'école." Grâce à sa pugnacité, l'école a pu former de nouveaux jeunes dont certains sont devenus des internationaux "Citons par exemple Emmanuel Gomis, qui joue aux Emirats arabes unis, ou Arial Mendy, défenseur en équipe nationale locale."
La séance d'entraînement à laquelle nous avons assistée témoigne de la volonté de la fondatrice de donner l'espoir aux enfants comme Pape Mbengue, "pour l'instant en équipe minime", mais qui rêve de jouer en équipe nationale du Sénégal.
Pour que la vie continue
Lamine Diatta, un des entraîneurs, souligne que lui et ses collègues de l'encadrement se sacrifient tous les jours pour la mémoire des enfants qui ont péri dans le Joola et aussi pour maintenir la flamme d'espoir que cette école suscite au sein de la population. "Cette équipe est un symbole pour tout Ziguinchor, explique-t-il, Nous continuons à travailler dur pour rendre hommage aux victimes et que cette école au moins ne meure pas."