Une étude souligne la mauvaise qualité de l'air en Afrique
16 août 2019C'est un problème dont tout le monde a conscience mais sur lequel de toutes nouvelles données apportent un éclairage plus précis. L'institut météorologique de Karlsruhe en Allemagne, avec seize autres institutions européennes et africaines, vient d'étudier la pollution de l'air en Afrique de l'Ouest.
Une étude qui tire la sonnette d'alarme mais donne aussi des conseils pouvant être mise en place rapidement, car il y urgence.
Aujourd'hui, que ce soit en Côte d'Ivoire, au Burkina ou encore au Bénin, nombreux sont ceux qui souffrent de problèmes respiratoires. "J'ai de l'asthme et aussi des problèmes de sinusite", raconte, par exemple, Johannes, journaliste à Cotonou. "Il suffit que je sois exposé cinq minutes en attente à un feu rouge et que j'inspire la fumée des pots d'échappement pour que je le ressente immédiatement. Cela peut me déclencher une crise d'asthme et peut même m'empêche de respirer parce que, quand j'inhale cette fumée-là, j'ai le sentiment d'avoir avalé une drogue", raconte-t-il.
Une pollution bien réelle qui vient d'être mesurée de façon précise par des chercheurs européens et africains. Des stations de mesures ont été installées dans plusieurs villes. Résultat : partout les concentrations de particules polluantes sont au-dessus des seuils recommandés par l'OMS.
Pollution dans la cuisine
Cette pollution est visible au bord des routes, en ville. "Il y a les taxis, toutes les autres voitures, mais la pollution vient aussi de toutes les femmes qui jettent des ordures dans les égouts", raconte Estelle, étudiante à Abidjan.
Mais il n'y a pas que sur les artères routières que la pollution de l'air est un problème. "Cela nous a un peu surpris de voir à quel point les endroits où les gens cuisinent sont pollués", raconte le professeur Peter Knippertz, de l'Institut de météorologie et de recherche climatique de Karlsruhe.
En cause : les foyers de cuisson au bois qui sont souvent ouverts car il n'y a pas de système pour évacuer les fumées directement vers l'extérieur. "Puisque presque toutes les familles font à manger pour elles-mêmes tous les jours, et comme les enfants sont là aussi, c'est effrayant de voir que même les plus jeunes sont exposés à des pollutions considérables dès leur plus jeune âge", explique-t-il. Les bois qui ne sont pas secs à 100% lorsqu'ils brûlent dégagent aussi des fumées plus toxiques.
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On estime d'ailleurs que près de huit millions de personnes dans le monde meurent chaque année à cause de cette pollution domestique. Dans un récent rapport, l'Organisation mondiale de la santé estimait même que plus de 50% des décès prématurés chez les enfants de moins de cinq ans sont causés par l'inhalation des particules de pollution domestique.
Moins de pluie à cause de la pollution
L'étude qui vient d'être publiée alerte aussi sur les conséquences de celle-ci sur le climat. Les chercheurs ont trouvé que les particules polluantes dans l'air changent même la composition des nuages, ce qui peut bouleverser les températures et même réduire les pluies. "Ce serait, bien sûr une très mauvaise nouvelle pour les gens, parce qu'en plus des risques pour la santé associés aux polluants, il y aurait aussi une réduction des précipitations", s'inquiète Peter Knippertz.
Des solutions possibles
Pour réduire les risques, les chercheurs estiment qu'on pourrait, au niveau local, améliorer le filtrage des gaz des voitures, inciter à faire la cuisine au gaz ou à l'électricité. Ils préconisent également de cesser le défrichage par le feu en Afrique centrale. Cette technique disperse des particules de suie qui sont transportées jusqu'en Afrique de l'Ouest par les vents de moussons.