Union africaine des compagnies aériennes : pour bientôt ?
18 octobre 2019De l'Union africaine des gouvernements à l'Union africaine des peuples, la transition est en train de franchir l'étape de la Zone de libre-échange économique, en même temps que la libéralisation du ciel africain. Symbole de cette transformation : il y a deux ans et demi, lors de la deuxième réunion de l'Organisation de l'aviation civile (OACI) sur le développement durable du transport aérien en Afrique, tenue à Accra au Ghana, le capitaine nigérian Bala Jibril, pilote de ligne, demanda au président ghanéen Nana Akufo Addo de porter le message à l'Union africaine que l'Afrique a besoin de plus de vols interafricains, afin que les Africains se fréquentent et commercent plus.
Déclaration de Yamoussoukro ... de 1999
Le pilote partait ainsi de la Déclaration de Yamoussoukro de 1999 entérinée par les Chefs d'Etats à Lomé en juillet 2000, pour rappeler que l'Afrique n'avait pas beaucoup avancé depuis Yamoussoukro, où fut lancé le projet du marché unique du transport aérien africain (SAATM). "Ce n'est pas facile d'aller d'un pays africain à un autre pays", estime encore aujourd'hui le Capitaine Bala Jibril. "Parfois, vous devez aller en Europe, quelque part au Moyen-Orient, ou sortir du continent africain, dans le but d'atterrir dans un autre pays africain. Alors, la libération du ciel africain est une longue attente", insiste-t-il.
Le capitaine souhaite des vols du continent pour le continent. "Nous ne sommes pas en train de demander à la France, à l'Allemagne et à tout le monde de venir avec leurs avions et voler n'importe où. Non. Ce que la libéralisation signifiera c'est que le continent africain sera comme un marché domestique pour toutes les compagnies africaines."
Droits de trafic et limitations
En fait, l'expansion des liaisons aériennes régionales reste depuis les indépendances confrontée à des restrictions de droits de trafic et à la limitation des capacités dans les accords de services aériens. Parallèlement, les règles de propriété et de contrôle des transporteurs aériens entravent la croissance et l'investissement. Les États africains sont donc conviés à intégrer la vision à long terme de l'OACI sur la libéralisation du transport aérien afin d'asseoir la politique africaine d'aviation civile.
Mais le projet n'est pas simple à mettre en place. "Avec la décision de Yamoussoukro, c'était plus la libéralisation à l'échelle bilatérale qui était privilégiée. Aujourd'hui, avec cette nouvelle perspective, nous sommes en train de converger beaucoup plus vers une libéralisation au niveau continental", explique Moustapha Bakar, qui était directeur général de l'Autorité de l'aviation civile au Tchad en 2017. "Par le passé, nous partions en rangs dispersés pour négocier avec les pays des autres continents. Avec la nouvelle donne, nous devrons également avoir des lignes directrices qui font que nous puissions discuter de nos intérêts vis-à-vis des compagnies étrangères."
Union à 40 d'ici la fin de l'année ?
Une telle perspective devrait donc pousser les Etats africains à viabiliser leurs compagnies, du point de vue des standards de sécurité et de service, pour mieux faire face à la concurrence internationale. L'Union africaine, qui compte atteindre au moins 40 pays engagés dans ce marché unique aérien avant fin 2019, veut encourager et simplifier les procédures consulaires entre les pays. "L'essentiel est de commencer quelque part et le reste suivra", conclut le capitaine nigérian Bala Jibril.