Violence policière aux USA : ce que réclament les activistes
5 juin 2020
La fin des prises d'étranglement, la fin des tirs sur des véhicules mobiles, pas de tir sans sommation, épuiser toutes les options avant d’ouvrir le feu, désamorcer la situation, le devoir pour un policier d'intervenir lorsqu'il est témoin d'un usage excessif de la force par l'un de ses collègues, un recours à la force proportionné au niveau de résistance d'un interpellé, des rapports de police complets.
Si ces huit points étaient suivis par la police aux Etats-Unis, le nombre de décès dus aux violences policières serait réduit de plus de 70 %, selon une étude de la campagne#8cantwait (un jeu de mots entre le chiffre huit "eight" et le mot "hate", haine en anglais).
La campagne lancée cette semaine est soutenue par un grand nombre de personnalités influentes, comme l'animatrice Oprah Winfrey, la chanteuse Ariana Grande ou encore le fondateur de Twitter, Jack Dorsey ( ?)
Le site de #8cantwait appelle les citoyens américains à prendre contact avec le maire de leur ville pour l'inciter à mettre en place ces huit points. La plupart des villes aux Etats-Unis disposent en effet de leur propre force de police et ont donc la compétence de dicter les règles à suivre.
Agir au niveau local
Le site permet de choisir sa ville pour voir lesquels de ces huit points sont appliqués par la police locale.
Prenons l'exemple de Buffalo, dans l'Etat de New York, où la vidéo d'une agression policière est devenue virale cette semaine. On y voit un manifestant blanc de 75 ans, seul debout face à des dizaines de policiers, se faire violemment bousculer par l'un d'entre eux. L'homme tombe à terre, son corps ne bouge plus, du sang coule de son oreille.
Les deux policiers responsables de cette agression ont rapidement été démis de leur fonction.
Mais si la police de Buffalo requiert à ses agents un usage proportionné de la force, ils n'ont en revanche, selon #8cantwait, pas le devoir d'intervenir si l'un de leurs collègues commet un usage excessif de la force.
Sans la vidéo tournée avec un smartphone et dans d'autres circonstances, cet épisode aurait donc pu passer inaperçu.
Toujours selon #8cantwait, un officier de police à Buffalo n'a pas besoin de faire une sommation avant d'ouvrir le feu. Ainsi, la police de cette ville ne suivrait que quatre des huit règles.
En moyenne, les départements de police à travers le pays n'auraient adopté que trois des huit règles.
Prises d'étranglement
Le hashtag #8cantwait a été lancé par Campaign Zero, une campagne de réforme de la police proposée par des militants proches du mouvement Black lives matter.
Parmi les fondateurs de Campaign zero figurent notamment une ancienne membre d'un groupe de réflexion initié en 2015 par Barack Obama pour mettre fin à la brutalité policière, mieux former les forces de l'ordre et promouvoir une meilleure entente avec les Afro-Américains.
L'ex-président s'est exprimé lui-même sur le sujet ce mercredi 3 juin, dans une vidéo diffusée sur internet, pour saluer le "changement de mentalités en cours" pouvant donner lieu à des réformes dans le pays.
Il a aussi appelé à aller voter au niveau local car ce sont les politiques qui désignent le plus souvent les responsables de la police.
Les demandes de #8cantwait sont par ailleurs proches de celle formulées par la NAACP, l'une des plus importantes organisations de défense des droits civiques aux Etats-Unis. Elle aussi appelle à bannir les prises d'étranglement, comme celle que l'on a vu lors de l'interpellation de George Floyd à Minneapolis, ou encore celle d'Eric Garner, mort en 2014 à New York après avoir été bloqué au cou par un policier.
Par ailleurs, la NAACP souhaite la création de comités de citoyens responsables d'évaluer leur police locale.
Pour l'un des organisateurs de #8cantwait, DeRay Mckesson, "les villes dans lesquelles la police suit des règles plus restrictives, sont les villes où la police et les communautés sont davantage en sécurité."