Violences contre les Rohingyas en Birmanie
7 août 2012En juin dernier, des violences similaires entre bouddhistes et musulmans avaient déjà coûté la vie à environ 80 personnes dans l'Ouest du pays. A l'origine : une cohabitation problématique entre une population majoritairement bouddhiste et la minorité musulmane des Rohingyas. Cette minorité ne bénéficie pas de la nationalité birmane et est durement persécutée par les autorités du pays. C'est en tout cas ce qu'affirme l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch, dans un rapport publié il y a quelques jours.
Qui sont les Rohingyas ?
On les appelle avec mépris les “Kalar”, ou étrangers à la peau sombre. Les Rohingyas sont physiquement semblables aux habitants du Bangladesh voisin et ils seraient en fait des descendants des Arabes, des Mongols, ou encore des Turcs. Le gouvernement birman, lui, les considère comme des migrants illégaux et ne reconnaît pas leur groupe ethnique. Ainsi, ils sont apatrides dans leur propre pays et rejetés de tous. Selon les Nations unies, les Rohingyas sont l'une des minorités les plus persécutées au monde.
A l'origine de cette haine : une rancoeur historique
Au 19ème siècle, leurs ancêtres ont soutenu les Britanniques dans leur conquête de la Birmanie. Depuis, les Rohingyas sont donc considérés comme des traitres et sans arrêt violentés, torturés par leurs concitoyens. Quelque huit cent mille d'entre eux vivent confinés dans l'Etat d'Arakan. C'est là qu'ont eu lieu de récents affrontements avec la communauté bouddhiste. Un déferlement de violence contre la communauté musulmane, auquel a aussi participé l'armée birmane, selon un rapport d'Human Rights Watch. Pour l'organisation, l'Etat couvre la persécution et la discrimination des Rohingyas.
Le gouvernement birman rejette ces accusations
Des accusations qui embarassent les autorités birmanes, qui depuis mars 2011 et la dissolution de la junte, ont multiplié les réformes spectaculaires. Les évènements de ces derniers jours ont apporté la preuve que la Birmanie, qui s'efforce de redorer sa réputation auprès de la communauté internationale, demeure encore un pays répressif. Depuis les violences de juin, des milliers de Rohingyas ont fui au Bangladesh voisin, où les autorités les ont refoulés à plusieurs occasions, en violation du droit international.