Revue de presse : extrême-droite et excuses aux homosexuels
4 juin 2018C'était ce week-end. Lors d’un discours à l'adresse des jeunes de son parti, Alexander Gauland avait lancé qu’"Hitler et le national-socialisme ne sont qu'une Vogelschiss, une fiante d’oiseau, dans 1000 ans d'histoire victorieuse de l'Allemagne." Une "fiente d’oiseau" donc, un petit excrément, qui a provoqué la seconde guerre mondiale et fait plus de 60 millions de morts de tous les continents.
Réponse par l'Histoire
Alors depuis samedi, en Allemagne, les critiques pleuvent côté politique. Ce lundi, les journaux réagissent. En Une du quotidien Tagesspiegel, une seule phrase. "Hitler et le national-socialisme ne sont qu'une fiente d'oiseau dans 1000 ans d'histoire victorieuse de l'Allemagne", un seul nom : celui d’Alexander Gauland. Et puis 13 images. Celle des Autodafés en 1933, quand les nazis brûlaient les livres juifs. Celles de corps de soldats, à Stalingrad. Ou encore en bas de page une image d’une ville allemande détruite en 1945. Le journal démontre par l’image l’absurdité des propos.
"Répondre avec des arguments politiques"
Des "propos calculés", "dans une volonté de réécrire l’histoire et de construire une nouvelle identité" écrit de son côté la Tageszeitung. "Il veut faire croire que nous devrions être fiers de cette période et de nous-mêmes", décrypte l’éditorialiste. "Plus besoin de penser à l’Europe et au monde comme cela". "Gaulaud n’est pas un conservateur, c’est un extrémiste de droite", écrit, comme pour en être certain, la Süddeutsche.
Dans Die Welt un homme politique de Saxe, une région de l’Allemagne touchée par l’extrémisme depuis longtemps, conseille : "Il faut répondre avec des arguments politiques. C’est ainsi qu’on pourra politiquement désenchanter l’AFD, comme on l’a fait avec le NPD, un autre parti extrémiste."
Les excuses du président allemand aux personnes homosexuelles
Dans la presse aussi les réactions au discours du président allemand Frank Walter Steinmeier ce dimanche. Il a condamné sans le citer Alexander Gauland mais a aussi présenté ses excuses aux personnes homosexuelles, pour la période après le nazisme. "Car contrairement aux juifs ou d’autres communautés, la fin de la guerre n’a pas vraiment été une libération pour les homosexuels", explique le Berliner Morgenpost. Il revient sur le fameux article 175, qui condamnait l’homosexualité, et qui est resté en place plus de 20 ans après la guerre, envoyant les homosexuels devant les tribunaux, voire même en prison.
"Des excuses et un jour historique", réagit le Tagesspiegel. "Vos mots font un immense bien", dit d’ailleurs aussi le responsable d’une association gay et lesbienne, relayé par le journal. On notera quand même des regrets de la Tageszeitung, qui parle d’un discours "insuffisant". "Il n’a pas parlé de toutes les victimes dans les familles allemandes, qui craignent d’évoquer leur homosexualité depuis des décennies. Eux n’ont pas droit aux réhabilitations et aux indemnisations proposées par l’Etat depuis l’an dernier à 50 000 victimes d’après-guerre. La peur est toujours-là", écrit le journal.