Wulff contre Gauck, exit Ursula
4 juin 2010Exit Ursula von der Leyen, le nom qui était pourtant sur toutes les lèvres il y a tout juste deux jours, celle que la presse voyait déjà « Mère de la Nation »... La Berliner Zeitung explique que des voix se sont élevées dans les rangs de la majorité conservatrice-libérale pour barrer la route à l'ancienne ministre de la Famille. Des voix toutes masculines, sans exception, qui ne pouvaient pas supporter que l'Allemagne soit à l'avenir dirigée – horreur – par deux femmes !
« C'est un garçon ! » titre la Frankfurter Rundschau, avec un commentaire, lui aussi, un brin ironique : Angela Merkel a échoué dans son plan d'imposer sa favorite comme candidate. Les attributs d'Ursula von der Leyen – femme, protestante et jeune – ne correspondaient pas au profil acceptable par les conservateurs purs et durs.
C'est donc finalement Christian Wulff, qui doit devenir président fédéral, constate la Süddeutsche Zeitung. Le journal décrit le candidat choisi par les conservateurs comme le typique « homme politique de carrière, clairement estampillé CDU ». Et souligne que cet aspect suffit pour exclure l'hypothèse d'un ralliement des sociaux-démocrates. Christian Wulff a en effet, en son temps, ravi la région de Basse-Saxe à l'actuel chef du SPD Sigmar Gabriel...
Chose inhabituelle, le journal conservateur Die Welt prend clairement parti, non pas pour Christian Wulff mais pour le candidat de l'opposition, Joachim Gauck ! Angela Merkel et ses alliés ont répété l'erreur qu'ils avaient faite avec la nomination de Horst Köhler il y a six ans : choisir un président en fonction de leurs intérêts du moment. Joachim Gauck est, au contraire, le candidat du compromis, celui qui pourrait à la fois satisfaire l'opposition et la majorité. Ce militant citoyen apolitique, issu de l'ex-RDA, est aussi le premier candidat à incarner l'Allemagne toute entière depuis la réunification. Et Die Welt de conclure : on ne peut que souhaiter à la République qu'il devienne le dixième président fédéral.
La tageszeitung résoud à sa façon le dilemme entre Wulff et Gauck en remettant tout simplement en question l'utilité du président fédéral, une charge jugée « superflue » et dont le titulaire est un politicien « de deuxième choix ». Pour la taz, c'est ce qui explique le choix de Christian Wulff par la majorité gouvernementale.
Auteur : Anne Le Touzé
Edition : Carine Debrabandère