Xi Jinping, président à vie ?
12 mars 2018Depuis son entrée en fonction en 2012, Xi Jinping a accumulé du pouvoir comme aucun de ses prédécesseurs depuis Mao, affirme la Tz de Munich. Il a aussi perfectionné l'appareil d'oppression. Le vote du parlement chinois est le sommet d'une évolution rampante vers la domination absolue. Le culte de la personne, l'enfermement d'opposants, la censure d'internet : en Chine, le progrès économique va main dans la main avec une régression politique qui rappelle les heures sombres du maoïsme.
La voie que prend la Chine est à la fois une claque et une menace pour l'Occident, commente la Landeszeitung de Lüneburg. Car elle démonte l'idée que le capitalisme apporte plus de liberté, d'ouverture, bref plus de démocratie. Grâce au capitalisme, la Chine est en train de dépasser l'Europe en tant que force économique mais elle s'éloigne de plus en plus des droits de l'homme que l'Europe a offert jadis au monde.
La situation mondiale est favorable à la croissance inexorable des Chinois, estiment les Nürnberger Nachrichten. Les États-Unis de Trump ont abandonné leur ambition de puissance mondiale et affaiblissent leur propre économie avec le retour des guerres commerciales. Et l'Europe? Elle doit d'abord savoir où elle veut aller.
La voie est donc libre pour une expérience étrange et à l'issue incertaine : un régime autoritaire avec une sorte d'empereur ou dictateur à vie à sa tête s'apprête à mieux réussir que les démocraties libres de l'Occident en décomposition. C'est la première fois, selon le journal, que le monde vit une telle concurrence de systèmes.
Vers une guerre commerciale UE/USA ?
Les États-Unis ont justement surpris les Européens ce week-end en exigeant l'abandon des barrières douanières sur les produits américains en échange de celui des taxes sur l'acier et l'aluminium. Sur Twitter, Donald Trump en a rajouté une louche en menaçant de taxer les véhicules Mercedes et BMW.
die tageszeitung aborde le sujet par une caricature. La scène se passe au guichet "drive-in" d'un fast food. Le vendeur annonce le prix au couple dans sa voiture: "Ca fera 13 euros 50, plus cinq euros de taxe parce que vous êtes venus en Mercedes".
Si les États-Unis taxent à 2,5% les voitures importées et que l'Union européenne impose une taxe de 10% aux voitures américaines, on est en droit de remettre le système en question, reconnaît le Mannheimer Morgen. Les Européens brandissent volontiers le drapeau du libre échange, mais ils sont tout aussi prompts à virer au protectionnisme, par exemple quand il s'agit de barrières commerciales agricoles avec les pays africains.
La Chine n'est pas non plus une élève modèle. Si le commerce mondial ressort plus juste de cette affaire, alors les provocations de Trump auront peut-être été bénéfiques, estime le quotidien.
La Süddeutsche Zeitung tente de comprendre ce qui pousse le président américain à agir de la sorte. Ce n'est pas un hasard si les gouvernements allemands successifs ont subventionné pendant des décennies l'extraction de tonnes de charbon. C'était une aberration économique, mais cela a aidé à maintenir la paix sociale dans le bassin minier de la Ruhr.
Les prédécesseurs de Trump, y compris les sociaux-démocrates Clinton et Obama, se sont à peine occupés du déclin des vieilles industries, de l'éclatement de la classe moyenne et de la colère montante dans les régions industrielles. Wall Street, Silicon Valley et Hollywood étaient plus intéressants. Résultat: la victoire de Trump. Et maintenant, peut-être une guerre commerciale, s'inquiète la Süddeutsche.