Elections sur fond de doutes au Zimbabwe
22 août 2023A 45 ans, l'avocat et pasteur Nelson Chamisa représente l'espoir de la jeunesse zimbabwéenne qui rêve de mettre fin aux divisions et surtout, qui a besoin d'emplois et veut regarder l'avenir avec plus d'optimisme.
Sa Coalition des citoyens pour le changement, issue de la scission du principal parti d'opposition, le MDC, n'arrive cependant pas à s'imposer face à la Zanu-PF au pouvoir.Il faut dire que les rassemblements de la coalition ont été souvent interdits, des élus jetés en prison.
Déception en perspective
Interrogé par la DW, l'analyste politique Gideon Chitanga prévoit la déception de ceux qui aspirent à un changement à la tête du pays, avec une opposition fragilisée.
La Zanu-PF domine le paysage politique du Zimbabwe depuis 1980, année de l'indépendance du pays. Le parti célèbre aussi en août ses soixante ans, l'occasion de rappeler ses origines de mouvement de libération anticolonial et de présenter les opposants comme des marionnettes de l'Occident.
D'après l'analyste Alexander Rusero, le président Emmerson Mnangagwa peut présenter un bilan positif en matière de nouvelles infrastructures.
Mais à 80 ans, celui qu'on surnomme le crocodile se maintient au pouvoir par la violence et la peur. Les cas de torture, de meurtres et de rapts d'opposants se sont poursuivis depuis qu'il a succédé à Robert Mugabe, lors d'un coup d'Etat, en 2017, avant d'être élu l'année suivante.
Ngqabutho Mabhena est un Zimbabwéen vivant en Afrique du Sud. Il ne se fait pas d'illusion quant au changement dans son pays.
"Les élections ne seront ni libres ni équitables parce qu'elles ne répondent pas aux normes de base pour la tenue d'élections libres et équitables, selon le protocole de la Sadec. Nous ne nous attendons donc pas à ce qu'il y ait un changement de gouvernement après le 23 août 2023" prédit-il.
Selon les observateurs, les perspectives de voir les élections législatives et présidentielle de mercredi se dérouler sans fraudes sont faibles.
Les autorités rassurent
La présidente de la Commission électorale, de son côté, s'efforce de rassurer. Selon Priscilla Chigumba:
"La Commission électorale n'est influencée ni par le gouvernement, ni par des individus ou d'autres organisations comme on le laisse entendre. La Constitution du pays garantit l'indépendance de la Commission électorale".
L'opposition accuse régulièrement le pouvoir de falsifier les élections. Le principal opposant, Nelson Chamisa, avait contesté la dernière élection, en 2018, qui avait vu la victoire d'Emmerson Mnangagwa.
L'armée avait alors abattu six personnes lors de manifestations. Nelson Chamisa lui-même avait été passé à tabac par des agents de la sécurité de l'Etat qui lui avaient fracturé le crâne.
En 2021, il a aussi été blessé par balle dans sa voiture après une manifestation politique.
Le risque de nouvelles violences paraît pour l'instant faible. Mais elles ne sont pas à écarter, surtout en cas de résultats serrés entre les deux principaux candidats, Nelson Chamisa, le " jeune homme ", et Emmerson Mnangagwa, le crocodile.