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Élections générales en RDC : la contestation grandit

14 janvier 2019

Deux institutions sous-régionales ont demandé à la Céni de recompter les voix de la présidentielle du 30 décembre 2018. Par ailleurs, de nombreux candidats contestent les résultats des élections législatives.

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DR Kongo nach Wahlen Martin Fayulu Anhänger
Image : Reuters/B. Ratner

"La SADC n’est pas réaliste" (Al Kitenge)

C’est ce mardi 15 janvier 2019 que la Cour constitutionnelle va démarrer à Kinshasa l’examen des différents recours portant sur l’élection présidentielle du 30 décembre dernier. Plusieurs candidats malheureux  des élections législatives et provinciales ont déposé des recours en annulation ou en contestation de ces résultats. C’est donc pour éviter une crise post-électorale que plusieurs institutions sous régionales, la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) et la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL) ont demandé tour à tour à la Céni de recompter les voix.


Selon Edgar Lungu, le président en exercice de la SADC, un "recomptage de voix permettrait de rassurer à la fois les vainqueurs et les perdants". Une position qu’a aussi adoptée Denis Sassou Nguesso, le président du Congo voisin, et par ailleurs président en exercice de la CIRGL.

Cette avalanche de pression est pourtant saluée par le candidat de la coalition Lamuka (ndlr, Réveillez-vous en langue linguala), Martin Fayulu.

Cependant, sans la remettre en question, l’analyste politique et économique congolais, Al Kitenge estime que cette posture n’est pas réaliste :

"Je ne crois pas que ça soit réaliste quand vous regardez les difficultés logistiques qu'il y a dans le pays. Si on doit refaire cet exercice, il faut compter éventuellement un mois pour être en mesure de faire les choses dans l'ordre, ce que la Céni n'a pas été capable de faire. Est-ce que le processus a été  transparent dès le début? La réponse est non. Pourquoi, voulez-vous qu'il soit transparent de manière spectaculaire à la fin?"


 

Compilation des bulletins non achevée

En plus de deux candidats malheureux à l’élection présidentielle du 30 décembre 2018 (Martin Fayulu et Théodore Ngoy), plusieurs candidats aux scrutins législatifs nationaux et provinciaux dénoncent de nombreuses irrégularités. Si la Céni a publié avant l’échéance prévue les résultats de ces élections, certains candidats de l’opposition, bien qu’élus, ont regretté que les compilations des bulletins de vote n’étaient pas achevées au moment de la publication des résultats provisoires.

Juvénal Munubo Mubi (UNC) : "La Céni a envoyé les résultats par clés USB"

"La Céni a relevé les résultats sur la base des clés USB des machines à voter. Donc c'était une sorte de transmission électronique des résultats. La transmission électronique des résultats, si c'est ce qui a été appliqué, on devrait en faire part aux parties prenantes comme le dit la loi électorale", a soutenu Juvénal Munubo Mubi, réélu à Walikale dans le Nord-Kivu, pour le compte de l'UNC, l'Union pour la nation congolaise de Vital Kamerhe.

 

Le pouvoir accuse l’opposition

Du côté Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie du président sortant Joseph Kabila, c’est un autre son de cloche. François Nzekuye, député réélu du territoire de Rutshuru du PPRD, accuse les candidats de l’opposition d’avoir été en accointance avec certains groupes armés.

"C'est plutôt nous qui devons dénoncer les irrégularités à Rutshuru (ndlr un des territoires du Nord-Kivu). Parce que la moitié du territoire est occupé par des groupes armés qui ont empêché aux candidats de la majorité d'accéder à ces parties du territoire pour y battre campagne. Et ils ont imposé à la population de ne voter que pour les candidats de l'opposition", a-t-il expliqué à la DW.

François Nzekuye : "les groupes armés nous ont empêchés de battre campagne"

 

Les religieux montent au créneau

Restée discrète jusqu’à présent, l’Église du Christ au Congo affirmé ce lundi prendre acte des résultats contestés de l’élection présidentielle du 30 décembre en RDC.

La principale force protestante du pays, et qui a déployé 10.000 observateurs électoraux le jour du scrutin, demande aux juridictions compétentes de "dire le droit" sur les différents contentieux électoraux en vue, dit-elle, de garantir la paix sociale.

Avant elle, l'influente Église catholique qui avait déployé 40.000 observateurs avait aussi mis en doute les résultats que la Céni a publiés.

DW MA-Bild Eric Topona
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona