Accord à Berlin pour une grande coalition
27 novembre 2013Il aura fallu plusieurs semaines de difficiles négociations et une dernière séance marathon de 17 heures qui s’est achevée au petit matin mercredi, mais la CDU de la chancelière Angela Merkel et son alliée bavaroise, la CSU, ont fini par s’accorder avec le SPD sur les grandes lignes d’un gouvernement commun. Sortis victorieux des législatives du 22 septembre dernier, les conservateurs ne peuvent toutefois pas gouverner sans l'appui d'un autre parti. Et leur allié traditionnel, le parti libéral FDP, n’a pas obtenu suffisamment de voix lors du scrutin pour être représenté au parlement. La CDU s’est donc tournée vers son principal adversaire, le SPD. Les divergences étaient pourtant grandes et les sociaux-démocrates, même s’ils ont obtenu un score bien inférieur à celui de la CDU aux élections, avaient posé un certain nombre de conditions pour accepter de faire partie d’une « grande coalition ».
Salaire minimum
L'instauration d'un salaire minimum de 8,50 euros de l'heure à partir de 2015 était par exemple un point essentiel pour le SPD, de même que certains changements dans le système de retraites. Andrea Nahles, la secrétaire générale du SPD, a estimé que l’accord trouvé respectait plusieurs mesures sociales chères à son parti :
« Il y par exemple le salaire minimum de 8 euros 50 de l’heure dans tout le pays à partir de 2015, il y a la retraite à partir de 63 ans après 45 années de cotisations, mais il y a aussi les investissements pour les communes et pour l’éducation. Et nous avons obtenu que les enfants de parents étrangers nés en Allemagne ne soient plus forcés à choisir entre deux nationalités. »
Pas de hausse d’impôts
De son côté, la CDU s’estime elle aussi satisfaite. Pour le parti conservateur, il s’agissait avant tout de protéger la croissance économique du pays, comme le souligne Julia Klöckner, vice-président des chrétiens-démocrates :
« Il n’y aura pas d’augmentation d’impôts, ni de nouvelles dettes à partir de 2015, c’était important pour nous. Mais il faut reconnaitre que c’était une lutte difficile de négocier à la baisse les 45 milliards d’euros supplémentaires que le SPD voulait dépenser. »
Double nationalité
L’un des compromis importants atteints lors des négociations concerne la double nationalité. Le SPD a obtenu que les enfants nés de parents étrangers en Allemagne ne soient plus obligés de choisir avant leurs 23 ans entre la nationalité allemande et celles de leurs parents. Les conservateurs s’étaient jusque là toujours opposés à cette mesure, mais la chancelière Angela Merkel a présenté cette nouveauté de façon très positive :
« Nous avons longuement discuté de la façon de montrer aux enfants d’origine étrangère qu’ils sont les bienvenus chez nous et c’est pourquoi nous avons dit que les enfants nés en Allemagne et qui y ont grandi ne seraient plus obligés de choisir. La double nationalité sera possible. »
En dehors de cas précis, il faudra toujours renoncer à sa nationalité d’origine si l’on veut devenir allemand. Le chef du SPD, Sigmar Gabriel avait espéré obtenir plus, mais il a tout de même estimé qu’un tabou avait été brisé.
Satisfaction dans les deux camps
Les deux grandes formations politiques se sont par ailleurs mis d’accord sur l’introduction d’un quota minimum de à 30% de femmes dans les conseils de surveillance des entreprises cotées en Bourse, ainsi que d’un péage pour les automobilistes étrangers pour financer l’entretien des infrastructures routières allemandes. Malgré les concessions faites des deux côtés, chaque camp trouve son compte cet accord. A Berlin, celui-ci a été signé de façon provisoire mercredi par les présidents des trois partis, Angela Merkel (CDU), Horst Seehofer (CSU) et Sigmar Gabriel (SPD). Toutefois cet accord doit encore être approuvé par les adhérents du parti social-démocrate début décembre.