Al-Assad nie la répression des manifestants
7 décembre 2011C'est la première fois que le chef de l'Etat syrien s'exprime depuis le début des protestations. Une journaliste américaine l'a rencontré à Damas et l'a interrogé sur le récent rapport de l'ONU qui condamne la répression violente des civils depuis mars. La Syrie est toujours sous le coup de sanctions économiques de la communauté internationale. Mais il fut un temps où Bachar al-Assad représentait un espoir au Moyen-Orient et promettait des réformes. Depuis, il est devenu un despote qui réprime brutalement les protestations dans son pays. Bachar al-Assad a donc plusieurs visages.
A son arrivée au pouvoir en Syrie, il y a onze ans, Bachar al-Assad était inexpérimenté. Peu intéressé par la politique, il fait d'abord des études de médecine à Damas, puis se spécialise en ophtalmologie à Londres. Mais quand son frère aîné décède dans un accident de voiture en 1994, Bachar al-Assad sait qu'il devra succéder à son père. En 2000, à son arrivée au pouvoir, il promet des réformes. On espère une démocratisation et une libéralisation dans le pays. Des promesses qui n'ont jamais vraiment vu le jour. Mais selon Samir Seifan, qui a suivi de près la carrière du président syrien, Bachar al-Assad était vu comme porteur d'espoir pour ses voisins du Moyen-Orient.
« Il s'est opposé à l'occupation de l'Irak, et à l'attaque d'Israël sur Gaza. C'est très important pour les citoyens arabes. Pour eux, Bachar al-Assad c'est le numéro un. »
Malgré la chute de Ben Ali en Tunisie et de Moubarak en Egypte, al-Assad reste en selle. Mais la pauvreté, la misère sociale et une omniprésence de l'appareil répressif ont été un mélange dangereux pour le président. Depuis mars, le peuple syrien descend dans les rues presque tous les jours pour tenter de renverser le régime. 4.000 Syriens ont payé cet engagement de leur vie, des dizaines de milliers d'autres ont rejoint les geôles syriennes. Pour al-Assad, cette révolte est un complot venu de l'étranger. Avant même le début de la contestation, les relations de la Syrie avec l'ami iranien, le Hamas et le Hezbollah commençaient à s'effriter. L'Occident considère alors la Syrie comme la clé indispensable à la paix au Moyent-Orient. Guido Westerwelle, ministre allemand des Affaires étrangères :
« Si on veut un développement positif dans la région, il va falloir dialoguer avec la Syrie. »
Oubliée, l'image du réformateur
Avant, le président affirmait qu'on pouvait trouver d'autres solutions que la force militaire pour régler des problèmes. Pourtant, depuis neuf mois, al-Assad poursuit lui même une répression militaire contre son propre peuple. Pour l'opposant Ousama Mujajed, ce n'est pas si surprenant :
« ll a réussi à faire croire à certains leaders de la communauté internationale qu'il était un réformateur. Mais ce qu'on a vu, c'est que ses réformes viennent sous la forme de balles et de mitraillettes. »
La minorité alaouite à laquelle appartient Bachar al-Assad domine le gouvernement, l'armée et les services de renseignements. Comme son père, le président n'envisage que la violence pour mater les révolutions venues du peuple. Mais al-Assad ne craint pas d'intervention extérieure comme en Libye. Il annonce qu'il luttera jusqu'à la mort. Ses opposants, quant à eux, ne réclament plus seulement sa chute. Ils veulent le voir sur la potence.
Auteurs : Ulrich Leidholdt, Aurélie Juignet
Edition : Mireille Dronne